Enfants et enseignante dans une salle de classe joyeuse.

Tous enthousiastes ! – André Stern – L’art de jouer : une clé pour repenser notre équilibre

Jouer, l’enfant dans son élément

Comme un poisson dans l’eau, comme une hirondelle dans les airs, l’enfant qui joue est dans son élément.

Contrairement au jeu tel que l’adulte l’entend et le pratique, le jeu de l’enfant ne connaît ni gagnant, ni perdant, ni le stress de l’un ou de l’autre. L’enfant qui se livre à son jeu ne craint pas de perdre, son but n’est pas de gagner. Il ne joue pas pour se distraire ou pour se déconnecter de son quotidien, mais pour ressentir, pour vivre, pour se connecter. Il se concentre de tout son être sur l’objet de son enthousiasme. Le temps du jeu n’est pas limité à celui d’une partie.

C’est lorsqu’il est dans son élément, le jeu, que l’enfant vit pleinement les qualités qu’il n’a pas encore perdues. L’enfant qui joue fait montre d’une concentration incroyable, d’un sérieux, d’une profondeur sans pareil, d’une constance indéfectible, d’une liberté illimitée, d’une capacité au dépassement bouleversante et d’une créativité étincelante. Tant de qualités dont nous rêvons de voir quelques onces subsister ou renaître chez les adultes !

La pensée de l’enfant s’accorde toujours au but qu’elle poursuit et le but de l’enfant est de jouer. Cela engendre chez lui une intense satisfaction.

Jouer permet à l’enfant de réunir le monde imaginaire et le monde réel, le monde intérieur et le monde extérieur. Les enfants attribuent constamment aux objets une fonction très différente de celle à laquelle ceux-ci sont théoriquement destinés. Ils en font les sujets de leur jeu, parce qu’ils remarquent une ressemblance avec un élément de la vie « réelle », parce qu’une forme, une couleur ou un bruit les inspirent.

Il n’y a aucune raison de sourire, de parler d’enfantillage, de fantaisie, d’imagination. La pensée différente de l’enfant est une capacité unique qui jouera un rôle primordial dans sa vie future : elle lui permettra de trouver – de lui-même – de nombreuses réponses à ses propres questions. Certains appellent alors cette capacité « créativité », mais Sir Ken Robinson, visionnaire et expert en éducation, décrit la pensée de l’enfant comme libre, comme « divergente » de nos standards faits d’une seule réponse par question (divergent thinking).

Voici un constat intéressant : non seulement les enfants s’adaptent au monde, mais ils le façonnent à leur mesure. Cette réciprocité dans l’adaptation et la malléabilité leur permet de vivre la salutogenèse de manière parfaitement naturelle.

La notion de pathogenèse – la manière dont nous tombons malades – nous est familière. Curieusement, la salutogenèse – la manière dont nous acquérons ou conservons la santé – est beaucoup moins connue, bien qu’il s’agisse de notre capacité à nous « réparer » physiquement et psychiquement. Cette plasticité individuelle a la caractéristique de ne s’exprimer entièrement qu’en présence des trois piliers de la salutogenèse. Identifiés dans les années 1970 par le médecin américain Aaron Antonovsky, les trois piliers suivants servent de base aux jeux et au monde intérieur de nos enfants :

  1. La compréhensibilité de notre monde à nos propres yeux.
  2. La malléabilité de notre monde à nos propres yeux.
  3. Le sens dont est chargé notre monde à nos propres yeux.

Étrangement, là aussi, nous comprenons davantage l’inverse que la description de ces piliers :

  1. « Je ne comprends rien à ce monde. »
  2. « Quoi que je fasse, rien ne change. »
  3. « Rien de tout cela n’a de sens… »

Quand il joue, l’enfant vit donc pleinement sa « pensée divergente ». Tant qu’il n’est pas dérangé dans cette ardeur, il conserve sa conviction (laquelle est dénuée de tout jugement de valeur) d’être la bonne personne, au bon moment et au bon endroit. Son monde est compréhensible, malléable et plein de sens.

Nous devrions être conscients du fait qu’il n’existe pas de meilleure fondation à l’édification d’une vie épanouie et que cette fondation préexiste également en chacun de nous.

Paola Maugeri, journaliste star de la presse italienne, femme engagée, rockeuse et activiste végane, me disait récemment, après avoir fréquenté deux septuagénaires enthousiastes : « Avec Roger Waters, à New York, j’ai passé l’une des plus belles heures de ma vie ; avec Mick Jagger, à Lucca, j’ai dansé dans sa loge avant de le voir exploser sur scène. Je crois que le secret, l’élixir de jeunesse éternelle qui permet à ces personnes, nées dans les années 1940, d’être, aujourd’hui encore, dans une telle forme, réside dans leur enthousiasme, leur joie de vivre et leur amour pour le quotidien. Ne nous laissons pas berner par la croyance que cela est réservé à une certaine élite, aux artistes célèbres et à “ceux qui peuvent se le permettre” !

Je crois personnellement que la santé n’est pas définie par l’absence de maladie, mais par l’enthousiasme avec lequel nous affrontons la vie. Nous sommes trop souvent encastrés dans une vie qui ne nous appartient pas, dans un travail que nous détestons, dans des relations qui nous dessèchent. Voilà, selon moi, ce qui est réellement dangereux pour notre santé ! Nous devrions moins nous concentrer sur comment combattre la maladie et davantage sur comment conserver la santé !

Et danser, authentiquement, avec le sourire, est une aide précieuse ! Ainsi, je veux vieillir en jouissant de ce style de vie, de cet état d’esprit libéré du jugement des autres que confère la pensée rock. On n’a qu’une vie, saisissons-la avec passion ! »

Un jour, assis sur un banc public, sur l’Île de la Réunion où nous faisions une tournée de conférences, Papa et moi avons été rejoints par trois jeunes chiots joyeux et joueurs. Je les ai observés un moment : ils jouaient entre nos jambes, jouaient avec nous, se dressaient pour nous regarder dans les yeux. Et j’ai vu en eux le même enthousiasme, la même absence de préjugé, le même désir de rencontre et de découverte que chez un enfant. Et je me suis demandé… : si j’arrivais à me déconditionner au point de ne plus les voir comme des chiots et surtout de ne plus les traiter comme tels, que deviendraient-ils ? Car eux aussi deviennent comme nous les voyons…

 

 🌟 Et si l’enthousiasme était la clé de tout ? Dans ce livre lumineux, André Stern explore l’enthousiasme, ce moteur inné que nous portons tous en nous depuis la naissance. Contrairement à une vision figée de l’intelligence dictée par les gènes, l’auteur met en lumière le rôle transformateur de l’épigénétique et de nos expériences. Le cerveau humain, explique-t-il, ne se développe pas comme un muscle, mais grâce à une stimulation émotionnelle intense – autrement dit, par l’enthousiasme.

Dès l’enfance, ce feu sacré s’active à chaque découverte. Un enfant n’a pas besoin d’apprendre la tolérance ou d’être forcé à travailler : il s’enthousiasme naturellement pour ce qui l’entoure, des chiffres d’une plaque d’immatriculation aux lettres sur un panneau. Ce cocktail d’émotions génère des substances neuroplastiques qui renforcent les réseaux neuronaux. L’enthousiasme n’est pas un luxe réservé à l’enfance. À 85 ans, vous pourriez apprendre le chinois en six mois… si vous étiez passionné !

Stern déconstruit également l’idée que l’autonomie résulte de la séparation. En réalité, un attachement profond à une figure aimante nourrit la confiance nécessaire pour explorer le monde. Jouer, pour un enfant, n’est pas une distraction : c’est une immersion totale dans un monde où imaginaire et réalité se confondent, libérant une créativité illimitée.

Enfin, ce livre rappelle que nous ne perdons jamais notre capacité à être enthousiastes. Nous avons simplement oublié de l’entretenir. Stern nous invite à redécouvrir ce trésor, à transformer notre quotidien et à retrouver l’émerveillement dans chaque petite chose. ❤️

Un livre à lire absolument pour réveiller l’enfant curieux et joyeux en chacun de nous !

Vous trouverez ce livre sur le site Place des Libraires en identifiant une librairie près de chez vous, ou sur le site de la FNAC.

Les extraits que je vous partage sont ceux qui m’ont parlé lors de la lecture du livre.

Aussi, je vous encourage à acheter ce livre car vous y trouverez sûrement d’autres parties qui vous inspireront.

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