Bonsaï fleuri sur pilier cassé.

Libérez votre créativité – Julia Cameron – Partie 12

Semaine 11 : Retrouver le sentiment d’autonomie

Nous allons nous concentrer, cette semaine, sur notre autonomie artistique. Nous examinerons les façons évolutives qui permettront de nous nourrir et de nous accepter comme artiste. Nous explorerons les conduites qui peuvent renforcer notre base spirituelle et, par conséquent, notre puissance créative. Nous nous attarderons sur les façons dont on doit gérer le succès pour ne pas saboter notre liberté.

 

S’accepter :

Je suis un artiste. L’artiste a peut-être besoin d’une dose différente de stabilité et de flux par rapport aux autres personnes. Pour moi, un emploi de 9 à 17 heures peut me stabiliser et me laisser plus de liberté pour créer, ou alors ces horaires peuvent me prendre toute mon énergie et ne pas me permettre de créer. Je dois expérimenter ce qui est le mieux pour moi.

Je dois me libérer du fait que je veuille déterminer ma valeur et la valeur de mon œuvre par rapport à la valeur de mon travail sur le marché.

Il est très difficile d’ébranler l’idée selon laquelle l’argent valide ma crédibilité. Si l’argent détermine le vrai art, alors Gauguin était un charlatan. En tant qu’artiste, il se peut que je n’aie jamais de maison qui ressemble à celles de la Côte d’Azur – ou peut-être que si. Mais, je peux avoir un recueil de poèmes, une chanson, un spectacle, un film.

L’artiste doit apprendre que sa crédibilité repose sur lui, sur Dieu et sur son travail. En d’autres termes, s’il a un poème à écrire il a besoin de l’écrire – qu’il se vende ou non.

Parfois je vais écrire très mal, dessiner mal, peindre mal, jouer mal. J’ai le droit de le faire afin d’atteindre l’autre rive. La créativité, c’est ma récompense.

Un artiste doit prendre le plus grand soin pour s’entourer de gens qui le maternent – et non de gens qui essaient de trop l’apprivoiser pour son propre bien. Certaines amitiés feront démarrer mon imagination artistique et d’autres l’endormiront.

Si vous êtes plus heureux lorsque vous écrivez que lorsque vous n’écrivez pas, lorsque vous peignez que lorsque vous ne peignez pas, lorsque vous chantez que lorsque vous ne chantez pas, lorsque vous jouez que lorsque vous ne jouez pas, lorsque vous faites une mise en scène que lorsque vous ne la faites pas… pour l’amour de Dieu (et je le signifie de façon littérale), permettez-vous de le faire !

Tuer vos rêves parce que vous les jugez irresponsables, c’est être irresponsable. La crédibilité repose sur vous et sur Dieu et n’est pas votée par vos amis et vos connaissances.

 

Le succès :

La créativité est une pratique spirituelle. Ce n’est pas quelque chose qui peut être parfait, fini et mis de côté. De par mon expérience, nous atteignons des plateaux de réalisation créative uniquement pour ressentir une certaine impatience en nous. Oui, nous avons du succès. Oui, nous y sommes arrivés, mais…

En d’autres termes, seulement lorsque nous parvenons là-bas, là-bas disparaît. Non satisfaits de nos réalisations, quoique majestueuses, nous nous trouvons une fois de plus confrontés avec notre Moi créateur et à ses faims. Les questions qui viennent de se taire se posent alors à nouveau : « Qu’allons-nous faire… maintenant ? »

Cette qualité non finie, cet appétit sans relâche pour une plus grande exploration, nous teste. On nous demande de nous étendre afin de ne pas nous contracter. Fuir cet engagement – une évasion peut tous nous tenter – nous amène droit à la stagnation, au mécontentement, au malaise spirituel. « Est-ce que je peux me reposer ? » nous demandons-nous. En un mot, la réponse est non.

En tant qu’artistes, nous sommes des requins spirituels. La vérité impitoyable, c’est que si nous nous arrêtons d’avancer, nous sombrons et nous mourons. Le choix est très simple : soit nous voulons absolument nous reposer sur nos lauriers, soit nous pouvons recommencer à nouveau. L’exigence rigoureuse d’une vie créative soutenue, c’est avoir l’humilité de recommencer, encore et encore.

On s’attend que les films qui ont eu du succès en engendrent d’autres. Il en est de même pour les livres. Les peintres qui ont été reconnus à un moment donné peuvent être incités à en rester là. Pour les potiers, les compositeurs, les chorégraphes, le problème est le même. On demande à l’artiste de se répéter et d’exploiter au niveau commercial ce qu’il a construit. Parfois, cela nous est possible. À d’autres moments, cela ne l’est pas.

Si un artiste a du succès, il doit être vigilant et ne pas hypothéquer trop lourdement son avenir. Si la maison à Golfe-Juan coûte deux ans de souffrances créatives parce qu’on a accepté un projet uniquement pour de l’argent, cette maison est un luxe très cher.

Cela ne veut pas dire que les rédacteurs doivent arrêter de planifier les saisons ou que les studios doivent faire échouer le résultat financier de leurs affaires. Cela veut dire que les créateurs travaillant pour gagner de l’argent doivent avoir présent à l’esprit qu’ils s’engagent non seulement sur des projets sûrs financièrement, mais aussi sur des projets plus risqués qui font appel à leur âme créative. Vous n’avez pas besoin de renverser une carrière couronnée de succès pour vous réaliser sur le plan créatif. Il est nécessaire de modifier un petit peu votre emploi du temps pour ajuster votre trajectoire quotidienne qui, à la longue, modifiera le cours et les satisfactions de votre carrière.

Cela signifie écrire vos pages du matin, prendre rendez-vous avec votre artiste. « Mais je dirige un studio, dites-vous, ou quoi que ce soit d’autre que vous devez faire. Les gens dépendent de moi. » Je dis que c’est autant plus de raisons pour dépendre de vous-même et protéger votre propre créativité.

Les artistes peuvent répondre aux exigences de leurs partenaires professionnels et ils le font de façon très responsable. Ce qui est le plus difficile et le plus important pour nous artistes, c’est de continuer à satisfaire l’exigence intérieure de notre propre croissance artistique. En bref, il faut être vigilant quand le succès arrive. Tout succès érigé en principe sur un plateau artistique permanent nous condamne à l’échec.

 

Le zen des sports :

La plupart des créateurs bloqués sont des êtres cérébraux. Nous pensons à tout ce que nous voulons, mais ne pouvons pas faire. Au début de notre reconquête, tout de suite après, nous pensons à tout ce que nous voulons faire très prochainement, mais que nous ne faisons pas. Afin d’effectuer une vraie reconquête, une qui dure, nous avons besoin de sortir de notre tête et d’entrer dans un corps de travail. Pour le réaliser, nous devons d’abord nous déplacer dans notre corps.

À nouveau, il faut savoir s’accepter. La créativité exige l’action, et une partie de cette action doit être physique. C’est un des défauts des Occidentaux d’adopter des techniques de méditation orientale pour se retrouver au septième ciel et se sentir nobles, mais complètement dysfonctionnels. Nous perdons notre enracinement et, avec lui, notre capacité à agir dans le monde. À la recherche d’une conscience plus élevée, nous nous rendons inconscients autrement. L’exercice combat ce dysfonctionnement induit de façon spirituelle.

En reprenant l’image qui nous décrit comme des équipements radio-spirituels, il faut une quantité suffisante d’énergie pour émettre un signal puissant. C’est ici que la marche à pied fait son entrée. Ce que nous recherchons ici, c’est une méditation en mouvement. Cela signifie une méditation qui, grâce au mouvement, nous place dans le maintenant et nous aide à arrêter de tourner en rond. Vingt minutes par jour suffisent. Le tout, c’est d’étirer votre esprit plutôt que votre corps, donc là aucun accent n’est mis sur la forme, bien que ce soit probablement le résultat final.

Le but, c’est de se connecter à un monde situé à l’extérieur de nous-mêmes. C’est perdre notre fixation obsessionnelle de nous explorer constamment et de simplement explorer. On note rapidement que lorsque l’esprit est centré sur l’autre, notre Moi se focalise avec beaucoup plus de précision.

 

« Garder son corps en bonne santé est un devoir… Sinon, nous ne serons pas en mesure de garder notre esprit fort et clair. »

BOUDDHA

 

Comme nous l’avons dit plus tôt, nous apprenons en allant où nous devons aller. Faire du sport, c’est souvent ce qui nous fait passer de la stagnation à l’inspiration, du problème à la solution, de la pitié que l’on a de soi au respect de soi. Oui, nous apprenons en faisant de l’exercice. Nous apprenons que nous sommes plus forts que nous ne le pensions. Nous apprenons à regarder les choses selon une perspective nouvelle. Nous apprenons à résoudre nos problèmes en exploitant nos propres ressources intérieures et en écoutant l’inspiration, non seulement des autres, mais aussi la nôtre. Apparemment sans effort, nos réponses viennent tandis que nous nageons, courons, roulons ou marchons à grands pas.

 

Construire l’autel de votre artiste :

Les pages du matin constituent une méditation, une pratique qui vous amène à votre créativité et à Dieu, votre Créateur. Pour rester créatifs avec facilité et bonheur, nous devons rester centrés spirituellement. Cela est plus facile à faire si nous nous permettons de centrer nos rituels. Il est important de les inventer nous-mêmes à partir d’éléments qui nous sont sacrés et joyeux.

Ce havre peut être une pièce, le coin d’une pièce, un recoin sous les escaliers, même un rebord de fenêtre. C’est se souvenir que notre Créateur déploie notre créativité et que nous lui en sommes reconnaissants. Mettez-y des objets qui vous rendent heureux. Souvenez-vous que votre artiste se nourrit d’images.

Nous devons nous défaire de cette vieille notion qui dit que la spiritualité et la sensualité ne se mêlent pas. L’autel d’un artiste doit être une expérience des sens.

Nous sommes censés célébrer les bonnes choses de cette terre. De jolies feuilles, des cailloux, des bougies, des trésors de la mer – tout cela nous rappelle notre Créateur.

De petits rituels, que nous inventons, sont bons pour l’âme. Brûler de l’encens quand nous lisons des affirmations ou les écrivons, allumer une bougie, danser à la musique des tambours, tenir un caillou lisse et écouter des chants grégoriens… toutes ces techniques tactiles, physiques, renforcent notre croissance spirituelle.

 

Exercices de la semaine :

  1. Enregistrez votre propre voix en train de lire les « Principes de base ». Choisissez un essai favori de ce livre et enregistrez-le aussi. Utilisez cette cassette pour méditer.
  2. Écrivez, de votre main votre prière d’artiste rédigée à la « semaine 4 ». Mettez-la dans votre portefeuille.
  3. Achetez-vous un cahier spécial pour la créativité. Numérotez des pages de 1 à 7. Sur chaque page, inscrivez une des catégories suivantes : santé, possessions, loisirs, relations, créativité, carrière et spiritualité. Sans penser à l’aspect pratique, notez dix souhaits dans chaque domaine. D’accord, c’est beaucoup. Laissez-vous rêver un petit peu ici.
  4. En travaillant avec la partie « Changements honnêtes » de la « semaine 4 », notez tous vos changements depuis le début de votre reconquête.
  5. Citez cinq attitudes qui vont prolonger vos changements.
  6. Prévoyez cinq manières de vous materner dans les six prochains mois : des cours que vous allez suivre, des fournitures que vous allez vous offrir, des rendez-vous avec l’artiste et des vacances juste pour vous.
  7. Prenez un morceau de papier et planifiez une semaine de maternage. Cela signifie une action concrète, aimable chaque jour pendant une semaine : s’il vous plaît, amusez-vous !
  8. Écrivez et postez une lettre d’encouragement à votre artiste intérieur. Cela paraît bête, mais recevoir une telle lettre fait du bien, beaucoup de bien. Souvenez-vous que votre artiste est un enfant qui aime les louanges, les encouragements et les projets festifs.
  9. Une fois encore, réexaminez vos conceptions sur Dieu. Est-ce que votre système de croyance limite ou soutient votre expansion créative ? Êtes-vous prêt à modifier le concept que vous avez de Dieu ?
  10. Citez dix exemples de synchronie personnelle qui soutiennent la possibilité d’une force créatrice maternante.

 

Contrôle de votre semaine :

  1. Combien de fois cette semaine avez-vous fait vos pages du matin ? Qu’avez-vous éprouvé ? Avez-vous recommandé à quelqu’un d’autre les pages du matin ? Pourquoi ?
  2. Avez-vous pris votre rendez-vous avec l’artiste cette semaine ? (Avez-vous prévu une journée entière pour vous et votre artiste ? Hourra !) Qu’avez-vous fait ? Qu’avez-vous ressenti ?
  3. Avez-vous ressenti une synchronie cette semaine ? Quelle était-elle ?
  4. Y avait-il d’autres problèmes cette semaine que vous imaginiez significatifs pour votre reconquête ? Décrivez-les.

 

C’est un extrait du livre « Libérez votre créativité » dans lequel Julia Cameron propose une méthode en 12 semaines pour libérer sa créativité et surmonter ses blocages artistiques. L’originalité de son approche réside dans deux outils principaux :

– Les « pages du matin » : 3 pages d’écriture libre chaque matin pour vider son esprit

– Le « rendez-vous avec l’artiste » : 2h par semaine consacrées à nourrir sa créativité

L’auteure considère la créativité comme une pratique spirituelle, connectée à une source divine. Elle invite le lecteur à se reconnecter à son « artiste intérieur », cet enfant créatif souvent brimé.

Semaine après semaine, elle aborde différents thèmes : retrouver un sentiment de sécurité, d’identité, de puissance, etc. Des exercices variés permettent d’explorer ses blocages, ses peurs, mais aussi ses désirs créatifs enfouis.

Julia Cameron encourage à se libérer du perfectionnisme, de l’autocensure, et à oser prendre des risques créatifs. Elle donne des clés pour gérer les critiques, les périodes de doute, et cultiver la foi en soi.

Son ton bienveillant et enthousiaste donne envie de se lancer ! Que vous soyez artiste confirmé ou simple curieux, ce livre peut vraiment vous aider à réveiller votre créativité et à l’intégrer dans votre quotidien. Alors, prêt à tenter l’aventure ?

Vous trouverez ce livre sur le site Place des Libraires en identifiant une librairie près de chez vous, ou sur le site de la FNAC.

Les extraits que je vous partage sont ceux qui m’ont parlé lors de la lecture du livre.

Aussi, je vous encourage à acheter ce livre car vous y trouverez tous les détails pour Libérez votre créativité.

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