Dans la zone
Se trouver dans la zone revient à être au cœur de l’Élément. Faire ce que vous adorez peut impliquer toutes sortes d’activités essentielles à l’Élément : étudier, organiser, préparer, s’échauffer, etc. Et même pendant que vous faites la chose que vous aimez, vous pouvez rencontrer des obstacles, des déceptions et des moments où cela ne marche pas. En revanche, quand les choses fonctionnent, vous ressentez l’Élément d’une tout autre manière. Vous êtes alors déterminé et concentré. Vous vivez dans le moment présent. Vous êtes absorbé par l’expérience et vous êtes au summum de vos performances. Votre respiration change, votre esprit fusionne avec votre corps et vous vous sentez transporté sans effort au plus profond de votre Élément.
Faire ce que vous aimez ne vous assure pas d’être dans la zone à tout moment. Parfois, l’humeur n’y est pas, le moment n’est pas le bon et les idées ne viennent tout simplement pas. Certaines personnes élaborent leurs propres rituels pour entrer dans la zone. Mais cela ne fonctionne pas toujours.
Dans votre propre vie, il vous est sans doute déjà arrivé de vous retrouver « absorbé » par une activité. Vous commencez à faire une chose que vous aimez, et le reste du monde disparaît. Les heures passent, mais elles vous semblent des minutes. Pendant ce temps, vous êtes « dans la zone ». Ceux qui ont atteint leur Élément se retrouvent régulièrement dans un tel état. Non pas qu’ils éprouvent ce sentiment de plénitude à chaque fois qu’ils s’adonnent à leur activité de prédilection. Néanmoins, ils vivent cette expérience optimale à intervalles réguliers et ils savent qu’elle se reproduira.
Chaque personne trouve sa zone de manière différente. Pour certains, cela passe par une activité physique intense, par un sport très exigeant, par le risque, par la compétition, voire un sentiment de danger. Pour d’autres, cela nécessite une activité apparemment passive comme l’écriture, la peinture, les mathématiques, la méditation ou d’autres types de concentration intense. Comme je l’ai dit auparavant, nous avons droit à plus d’un Élément, et chacun de nous dispose de plusieurs chemins pour atteindre la zone. Nous pouvons en faire différentes expériences au cours de notre vie. Cependant, ce lieu magique a certaines caractéristiques communes pour tous.
Y êtes-vous déjà ?
L’un des signes les plus forts indiquant que l’on se trouve dans la zone est un sentiment de liberté et d’authenticité. Quand nous faisons une chose que nous adorons et pour laquelle nous sommes naturellement doués, nous avons bien plus de chances de nous sentir centrés sur notre véritable moi – c’est-à-dire d’être ce que nous avons véritablement l’impression d’être. Lorsque nous sommes dans notre Élément, nous avons le sentiment de faire ce à quoi nous sommes destinés et d’être la personne que nous sommes destinés à être.
Quand nous sommes dans la zone, nous ressentons également le temps de manière très différente. En phase avec nos intérêts profonds et notre énergie naturelle, le temps passe plus rapidement, de manière plus fluide. Nous éprouvons le contraire lorsque nous devons faire des choses qui ne nous passionnent pas particulièrement. Nous avons tous fait cette expérience – avoir l’impression que vingt minutes durent neuf heures. Dans ces moments-là, nous ne sommes absolument pas dans la zone.
Pour ma part, ce décalage temporel (le bon décalage, pas le mauvais) se produit le plus souvent lorsque je donne des conférences. Quand je suis en train d’explorer et de présenter des idées à un auditoire, le temps a tendance à s’écouler plus rapidement, avec davantage de fluidité. Que je me trouve face à dix, vingt ou plusieurs milliers de personnes, cela se passe toujours de la même manière. Durant les cinq ou dix premières minutes, je teste l’énergie de la salle et j’essaie des choses pour trouver la bonne longueur d’ondes. Ces premières minutes peuvent sembler longues. Mais ensuite, une fois que j’ai établi la connexion, je passe à un autre régime. Dès lors que je suis en phase avec le pouls de la salle, je ressens une énergie différente – et l’auditoire aussi, je pense – qui nous fait avancer à un rythme différent dans un espace différent. Si je regarde ma montre à ce moment-là, je m’aperçois qu’une heure est pratiquement déjà passée.
L’autre caractéristique de cette expérience est le passage à une sorte de « méta-état » dans lequel les idées viennent plus vite, comme si nous puisions à une source qui nous permet de réaliser notre tâche bien plus aisément. Nous développons une facilité à le faire parce que nous avons fusionné notre énergie avec notre processus et nos efforts. Aussi avons-nous véritablement l’impression que les idées se déversent à travers et hors de nous ; que, d’une certaine manière, nous les canalisons. Nous sommes leur instrument au lieu de leur faire obstruction ou de lutter pour les atteindre. Le célèbre rocker Eric Clapton dit avoir alors « le formidable sentiment d’être en harmonie avec le temps ».
Nous pouvons observer et ressentir ce décalage dans toutes sortes de disciplines comme la comédie, la danse, la musique et le sport. Nous voyons que la personne entre soudain dans un état différent. Nous la voyons se détendre, lâcher prise et devenir l’instrument de sa propre expression.
Dans son célèbre ouvrage, Vivre – la psychologie du bonheur, le Dr Mihály Csíkszentmihályi (à prononcer « chic-sainte-mi-aïe », si vous voulez vous entraîner à la maison…) présente « quelques décennies de recherches sur les aspects positifs de l’expérience humaine : la joie, la créativité et le processus d’engagement total face à la vie que j’appelle expérience optimale ». Il définit cette dernière comme « un état d’esprit caractérisé par un ordre harmonieux dans la conscience, dans lequel la personne souhaite poursuivre son activité pour elle-même ». Ce que le psychologue appelle « expérience optimale » – quand de nombreux autres parlent d’« être dans la zone » – survient « lorsque l’énergie psychique, ou attention, est investie dans un but réaliste, et lorsque les aptitudes sont en rapport avec les opportunités d’action. La poursuite d’un objectif impose un ordre à la conscience, car la personne doit concentrer son attention sur la tâche en cours et oublier momentanément tout le reste ».
Csíkszentmihályi parle des « caractéristiques de l’enchantement » qui constituent une expérience optimale. Elles comprennent un défi à relever exigeant une aptitude particulière, l’engagement total dans une activité, un but clair et une rétroaction (feed-back) immédiate, une concentration sur la tâche faisant oublier tout le reste, la perte de la préoccupation de soi, et l’altération de la perception du temps durant l’expérience. « La caractéristique essentielle d’une expérience optimale, dit l’auteur, réside dans le fait qu’elle est une fin en soi. Même si elle a initialement été entreprise pour d’autres raisons, l’activité qui nous enflamme devient intrinsèquement gratifiante. »
Ce point est fondamental. Être dans votre Élément, et en particulier dans la zone, ne vous prend pas votre énergie, mais vous en donne.
Les activités que vous adorez vous remplissent d’énergie, même lorsque vous êtes physiquement à bout de force. En revanche, celles que vous détestez peuvent vous vider en quelques minutes, même si vous les abordez au meilleur de votre forme. C’est l’une des clés de l’Élément, et l’une des principales raisons pour lesquelles il est vital pour chacun de trouver son Élément. Quand vous vous mettez dans une situation qui vous permet d’entrer dans la zone, vous puisez dans une source primitive d’énergie. Grâce à elle, vous êtes littéralement plus vif.
Lorsque vous êtes dans la zone, c’est comme si vous étiez branché sur une batterie – pendant tout le temps où vous y restez, vous recevez plus d’énergie que vous n’en dépensez. L’énergie commande toute notre vie. Il ne s’agit pas simplement de l’énergie physique que nous pensons avoir ou non, mais de notre énergie mentale ou psychique. L’énergie mentale n’est pas une substance figée. Elle augmente et diminue avec la passion et l’engagement que nous éprouvons pour ce que nous sommes en train de faire à un moment donné. Ce qui fait la différence, c’est notre attitude et notre sentiment de résonance avec une activité.
Être dans son Élément, éprouver cette expérience optimale rend plus fort : cela nous permet de fusionner nos énergies, de nous sentir en phase avec notre propre sentiment d’identité. Curieusement, cela passe par une sensation de détente. Nous trouvons parfaitement naturel de faire ce que nous sommes en train de faire. Nous avons le sentiment intense d’être dans notre corps, en phase avec notre propre pouls ou énergie interne.
Ces expériences extrêmes s’accompagnent de changements physiologiques – sécrétion d’endorphines dans le cerveau et décharge d’adrénaline dans le corps. Une augmentation des ondes cérébrales alpha peut survenir, ainsi qu’une modification du métabolisme de base, du rythme respiratoire et du rythme cardiaque. La nature de ces transformations physiologiques dépend du type d’activité qui nous a conduit dans la zone et de ce que nous faisons pour y rester.
Quelle que soit la manière dont nous atteignons la zone, c’est une expérience puissante et transformatrice. Si puissante qu’elle peut générer une dépendance, mais une dépendance salutaire à bien des égards.
Inspirer les autres
Quand nous sommes en phase avec notre propre énergie, nous sommes davantage ouverts à celle des autres. Plus nous nous sentons vivants, plus nous sommes susceptibles d’enrichir la vie des autres.
Être dans la zone recèle en effet un autre avantage – quand vous êtes inspiré, votre travail peut inspirer les autres. En étant dans la zone, vous puisez dans votre moi le plus naturel. Aussi pouvez-vous apporter bien davantage aux autres.
Comme nous l’avons déjà abordé – et nous reviendrons sur le sujet (il n’y a pas de raison de ne pas se répéter quand l’idée est bonne) –, l’intelligence est spécifique à chaque individu. Il est particulièrement important d’en tenir compte pour explorer le concept de la zone.
Être dans la zone consiste à utiliser son propre type d’intelligence de manière optimale.
Être soi-même
Quand vous vous trouvez dans la zone, vous adoptez spontanément le mode de pensée qui fonctionne le mieux pour vous. Selon moi, c’est ce qui explique que le temps prenne alors une nouvelle dimension. L’absence d’effort permet une immersion complète, au point que vous ne ressentez plus la durée de la même façon. Cette aisance est directement liée au style de pensée. Quand vous recourez à un mode de pensée qui vous est totalement naturel, tout vient plus facilement.
Il est évident que chacun réfléchit à une même chose de manière différente. J’en ai eu un exemple flagrant avec ma fille, il y a de cela quelques années. Kate a une façon très visuelle d’appréhender le monde. Elle est extrêmement brillante, cultivée et s’exprime bien, mais elle se désintéresse rapidement de tout discours (peu importe que vous tentiez de lui inculquer les origines du hip-hop ou la nécessité de ranger sa chambre). Peu après notre arrivée à Los Angeles, son professeur d’histoire aborda la guerre de Sécession. N’étant pas américaine, Kate ignorait à peu près tout de cette période, et elle ne retint pas grand-chose de la succession de dates et d’événements qu’énuméra son enseignant. Ce genre de listes à puces censé remplir la tête de l’élève n’avait guère d’impact sur elle. Toutefois, une interrogation écrite se profilant à l’horizon, elle ne pouvait se permettre de faire l’impasse sur le sujet.
Sachant ma fille dotée d’une forte intelligence visuelle, je lui suggérai de réaliser une mind map, ou carte mentale. Inventée par Tony Buzan, la technique du mind mapping consiste à créer une représentation visuelle d’un concept ou d’une information. Le thème principal figure au centre de la carte, d’où partent diverses ramifications et flèches agrémentées d’images et de couleurs, qui le relient aux idées secondaires. J’avais l’impression que Kate, étant donné sa tendance à penser visuellement, gagnerait à envisager la guerre de Sécession sous cet angle.
Quelques jours plus tard, alors que nous déjeunions ensemble en ville, je lui demandai si elle avait essayé le mind map. En fait, elle avait fait bien plus qu’essayer. Grâce à cette technique, elle avait élaboré dans son esprit une représentation visuelle si marquante de la guerre de Sécession que, durant quarante minutes, elle m’en relata les principaux événements et leurs conséquences. En appréhendant cette période de l’histoire américaine d’un point de vue différent – selon un de ses principaux modes de pensée –, Kate parvint à comprendre ce qu’elle n’aurait jamais retenu avec des listes à puces. Après avoir réalisé cette mind map, elle voyait clairement les images dans son esprit comme si elle les avait photographiées.
La preuve par neuf
Il s’agit d’observer attentivement nos enfants et nos proches au lieu de leur soumettre un modèle de ce qu’ils pourraient être, et d’essayer de comprendre ce qu’ils sont vraiment. C’est ce que le psychologue a fait avec Gillian Lynne, et ce que les parents de Mick Fleetwood et d’Ewa Laurance ont fait avec leurs enfants. Si cela ne tenait qu’à eux, qu’est-ce qu’ils aimeraient faire le plus ? Dans quelles activités ont-ils tendance à se lancer d’eux-mêmes ? Quelles dispositions naturelles semblent-ils avoir ? Qu’est-ce qui les absorbe le plus ? Quels types de questions posent-ils, et quels types de remarques font-ils ?
Nous devons comprendre ce qui les fait entrer, et ce qui nous fait entrer dans la zone.
Enfin, nous devons déterminer les implications que cela peut avoir sur le reste de notre vie.
Dans L’élément, Ken Robinson nous invite à redécouvrir ce qui fait vibrer notre âme : l’endroit où nos talents naturels et nos passions se rejoignent. C’est ici que la magie opère, où la vie devient fluide, épanouissante, et pleine de sens. Robinson nous montre à travers des récits inspirants de personnalités, mais aussi de personnes anonymes, comment chacun peut trouver son Élément, cette étincelle intérieure qui transforme notre existence.
Imaginez une vie où chaque jour, vous faites ce que vous aimez tout en étant doué·e pour cela. Ce n’est pas un rêve, c’est une réalité possible. Mais pour cela, il faut dépasser les limites que l’éducation traditionnelle et la société nous imposent, ces mêmes barrières qui étouffent la créativité et nous éloignent de notre vraie nature.
Robinson illustre à merveille que trouver son Élément est souvent une aventure imprévisible, remplie de surprises et de défis. Il démontre également que ce voyage est unique pour chacun·e. Parfois, cela demande de trouver sa “tribu”, ces personnes qui partagent les mêmes passions, qui nous soutiennent et nous encouragent à être nous-mêmes.
Avec L’élément, vous êtes invité·e à découvrir une nouvelle perspective, à libérer votre potentiel et à vivre une vie en pleine harmonie avec ce qui vous anime profondément. Ce livre est un guide puissant vers la découverte de soi et une vie pleine de créativité. Alors, êtes-vous prêt·e à explorer votre Élément ?
Vous trouverez ce livre sur le site Place des Libraires en identifiant une librairie près de chez vous, ou sur le site de la FNAC.
Les extraits que je vous partage sont ceux qui m’ont parlé lors de la lecture du livre.
Aussi, je vous encourage à acheter ce livre car vous y trouverez tous les détails sur votre Elément.