Personne peignant à la brosse sur une toile blanche.

L’Élément – Ken Robinson – Partie 3

Au-delà de l’imagination

 

Artiste renommée, Faith Ringgold est surtout connue pour ses peintures sur toile quiltée (matelassée). Elle a exposé dans les plus grands musées du monde. À New York, ses œuvres figurent dans les collections permanentes du musée Guggenheim, du Metropolitan Museum of Art et du Museum of Modern Art (MoMA). Par ailleurs, elle s’est vu décerner un Caldecott Honor pour son premier livre, Tar Beach. Elle a aussi composé et enregistré des chansons.

La vie de Faith déborde de créativité. Mais il est intéressant de savoir qu’elle a trouvé sa voie alors que la maladie l’empêchait de fréquenter l’école. Souffrant d’asthme dès l’âge de 2 ans, elle n’a pas rejoint l’enseignement traditionnel tout de suite. Lors de notre entretien, elle a reconnu avoir le sentiment que son entrée tardive à l’école avait été bénéfique pour son développement, « car je n’ai subi aucun endoctrinement, voyez-vous ? Je n’ai pas été formée de la manière dont, je suppose, beaucoup d’enfants sont éduqués dans une société disciplinée, comme doit nécessairement l’être l’école, j’imagine. Quand vous avez plein d’élèves dans un même espace, vous devez les faire avancer d’une certaine façon pour que ça fonctionne. Je n’ai simplement jamais été prise dans cet embrigadement. J’ai manqué toute la maternelle et le cours préparatoire. Je ne suis entrée à l’école qu’en deuxième année de cours élémentaire. Mais là encore, chaque année j’étais absente, je ne sais pas, peut-être deux ou trois semaines à cause de mon asthme. Et ça ne m’embêtait pas du tout de manquer la classe ».

Sa mère la faisait beaucoup travailler pour l’aider à rattraper les cours manqués. Et lorsqu’elles n’étudiaient pas, elles pouvaient aller explorer le monde artistique qui s’épanouissait à Harlem dans les années 1930.

« Ma mère m’emmenait voir tous les bons spectacles de l’époque. Duke Ellington, Billie Holiday, Billy Eckstine – tous ces chanteurs et musiciens étaient si formidables. Pour moi, ces gens étaient extrêmement créatifs. À l’évidence, ils réalisaient leur création à partir de leurs propres corps. Nous habitions tous dans le même quartier. Je les croisais dans la rue, comme ça, par hasard ! J’ai été profondément inspirée par leur art et leur empressement à se donner au public. Cela m’a fait prendre conscience de l’aspect relationnel du métier d’artiste.

« On ne m’a jamais obligée à faire comme les autres enfants. Je ne m’habillais pas comme eux. Je ne leur ressemblais pas. Et, dans ma famille, on ne s’attendait pas à ce que je le fasse. Cela m’a donc paru assez naturel de choisir un métier paraissant un peu bizarre. Ma mère était styliste. Elle était une artiste, même si elle ne se serait jamais qualifiée ainsi. Elle m’a beaucoup aidée, mais elle insistait sur le fait qu’elle ignorait s’il était bon de consacrer sa vie à l’art. »

Quand Faith a fini par aller à l’école à plein temps, ses cours d’arts plastiques l’ont stimulée et passionnée.

« Nous avons eu des profs de dessin tout au long de l’école élémentaire. Une expérience formidable. Je me rappelle très bien que mes enseignants s’enthousiasmaient devant ce que je faisais. Et moi je me demandais pourquoi ils trouvaient ça aussi bien, mais je ne disais rien. Au collège, la prof d’arts plastiques nous a un jour proposé d’essayer de voir quelque chose sans le regarder. Elle nous a demandé de peindre des fleurs ainsi. Je me suis dit : “Mon Dieu, je ne veux pas qu’elle voie ça, c’est vraiment trop moche.” Mais elle a saisi ma feuille en déclarant : “Eh bien, c’est merveilleux. Regarde un peu ça !”

« Maintenant je sais pourquoi elle a aimé mon dessin. Il était libre et c’est cela que j’aime aujourd’hui quand je vois des enfants dessiner. C’est expressif ; c’est merveilleux. C’est une espèce de magie que les enfants possèdent. Ils ne voient rien de si étrange et différent dans l’art. Ils l’acceptent ; ils le comprennent ; ils l’adorent. Quand ils visitent un musée, ils ne se sentent pas menacés. Au contraire des adultes. Ceux-ci pensent qu’il y a des messages qui leur échappent, qu’ils sont censés avoir quelque chose à dire ou à faire par rapport à ces œuvres d’art. Alors que les enfants se contentent d’accepter, car, d’une manière ou d’une autre, ils sont nés ainsi. Et ils restent ainsi jusqu’à ce qu’ils commencent à se dénigrer. Enfin, c’est peut-être parce que nous nous mettons à les dénigrer. J’essaye de ne pas le faire, mais le monde se chargera de les critiquer, vous savez, de les juger pour un oui pour un non – ça ne ressemble pas à un arbre, ou ça ne ressemble pas à un homme. Quand ils sont petits, les enfants ne font pas attention à cela. Ils se contentent… ils se contentent de se dévoiler devant vos yeux. “Ça c’est ma maman, ça c’est mon papa, on a marché jusqu’à la maison, on a coupé l’arbre, et ceci, et cela…” Ils vous racontent toute une histoire à propos de leur dessin, ils l’acceptent et ils le trouvent merveilleux. Tout comme moi. Parce qu’ils ne se réfrènent absolument pas dans ce domaine.

« Selon moi, les enfants ont la même aptitude naturelle en musique. Leurs petites voix sont comparables à des clochettes qu’ils font sonner. Dans une école, j’ai animé une séance de quarante minutes avec chacune des classes, depuis la maternelle jusqu’à la fin de l’école élémentaire. Je les ai laissé lire, puis j’ai pris la parole. Après leur avoir montré quelques-unes de mes diapositives, je leur ai appris ma chanson Anyone Can Fly. Les enfants l’ont tous entonnée sans problème, qu’ils soient en maternelle, en cours préparatoire ou en cours élémentaire. Mais dès le cours moyen, les problèmes commencent. Leurs voix ne sont plus des clochettes. Ils ont honte d’eux-mêmes, vous savez, et certains ne chantent pas alors qu’ils le peuvent encore. »

Heureusement, Faith n’a jamais ressenti une telle pression. Elle a adoré explorer sa créativité dès son plus jeune âge, et elle est parvenue à laisser briller cette étincelle en devenant adulte.

« Je crois que, dès l’instant où j’ai commencé mes études d’art à l’université en 1948, j’ai su que je voulais être une artiste. J’ignorais quel chemin j’emprunterais, comment cela se déroulerait ou quelle sorte d’artiste je deviendrais, mais je savais que c’était mon but. Mon rêve était de devenir peintre, de réaliser des tableaux tout au long de mon existence, d’en faire mon mode de vie. Si chaque jour de votre vie vous pouvez créer quelque chose de merveilleux, chaque jour sera aussi extraordinaire que le précédent. Chaque jour vous découvrirez quelque chose de nouveau, car tout en peignant ou en créant quoi que ce soit, vous trouverez de nouvelles manières de le réaliser. »

 

La promesse de la créativité :

J’ai déjà signalé que j’aime demander à mon auditoire d’évaluer son intelligence. Généralement, je lui demande aussi d’estimer sa créativité. Comme pour l’intelligence, je propose une échelle de 1 à 10, de la plus faible à la plus forte. Et, comme pour l’intelligence, la plupart des gens se situent autour de la moyenne. D’après moi, la plupart se trompent dans leur évaluation, tout comme pour l’intelligence.

Mais le véritable but de cet exercice apparaît quand je demande quelles sont les personnes qui se sont donné des notes différentes pour l’intelligence et la créativité. Généralement, entre deux tiers et trois quarts de l’assistance lèvent alors la main. Pourquoi cela ? Selon moi, parce que la majorité des gens croient que l’intelligence et la créativité sont des choses totalement différentes. Que nous pouvons être soit très intelligents et peu créatifs, soit très créatifs et peu intelligents.

À mon avis, ceci met en évidence un problème fondamental. Une grande part de mon travail avec diverses institutions consiste à montrer que ces deux aptitudes sont apparentées. Je suis convaincu qu’on ne peut être créatif sans agir de manière intelligente. De même, la plus haute forme d’intelligence pense de manière créative. Pour chercher son Élément, il est essentiel de connaître la véritable nature de la créativité et de comprendre clairement en quoi elle est reliée à l’intelligence.

D’après mon expérience, la plupart des gens ont une vision restrictive de l’intelligence, car ils ont tendance à l’envisager principalement en termes d’aptitude scolaire. Voilà pourquoi tant de personnes intelligentes à d’autres égards finissent par penser qu’elles ne le sont pas du tout. La créativité elle aussi est entourée de mythes.

Voici l’un d’eux : seules certaines personnes seraient créatives. C’est faux. Chacun naît avec un potentiel de créativité important. Il suffit de le développer. La créativité est comparable à la lecture et à l’écriture. Nous tenons pour évident qu’à peu près tout le monde est capable d’apprendre à lire et à écrire. Si une personne ne sait pas lire ou écrire, vous ne supposez pas qu’elle en soit incapable, mais simplement qu’elle ne l’a pas appris. C’est la même chose avec la créativité. Lorsqu’une personne prétend être dépourvue de créativité, c’est souvent parce qu’elle ignore ce que celle-ci implique et comment elle fonctionne dans la pratique.

Un autre mythe veut que la créativité se cantonne à certaines activités comme les arts, le design ou la publicité. Bien sûr, ces disciplines demandent souvent un haut degré de créativité. Tout comme les sciences, les mathématiques, l’ingénierie, la direction d’une entreprise, le sport de compétition, ou encore le fait d’engager ou de rompre une relation. Vous pouvez faire preuve de créativité dans n’importe quel domaine, à partir du moment où celui-ci fait appel à votre intelligence.

Le troisième mythe nous pousse à croire qu’une personne est créative ou ne l’est pas. Cela laisserait penser que la créativité, à l’instar du QI, serait un trait de caractère figé comme la couleur des yeux, et qu’on ne peut guère y changer grand-chose. En réalité, il est parfaitement possible de devenir plus créatif dans son travail et sa vie. La première étape cruciale consiste à comprendre le lien étroit qui existe entre créativité et intelligence. C’est l’un des plus sûrs moyens de trouver l’Élément, et cela nécessite de prendre le temps d’examiner une caractéristique fondamentale de toute intelligence humaine – nos facultés uniques d’imagination.

 

Tout est dans l’imagination :

Nous avons tendance à sous-estimer l’étendue de nos sens ainsi que notre intelligence. Or nous faisons la même chose avec notre imagination. De même que nous considérons nos sens comme allant de soi, nous avons tendance à négliger notre imagination. Nous irons même jusqu’à critiquer la perception d’un autre en prétendant qu’il a une « imagination débordante » ou que tout cela est « dans ses rêves ». Nous nous targuons d’avoir « les pieds sur terre », d’être « réaliste » et de faire preuve de « bon sens », tout en nous moquant de ceux qui ont « la tête dans les nuages ». Et pourtant, plus qu’aucune autre faculté, l’imagination est celle qui distingue l’être humain de toutes les autres espèces de la Terre.

Tous les progrès de l’homme reposent sur l’imagination. C’est grâce à elle que nous sommes passés des cavernes à la ville, de la cueillette à la cuisine moléculaire, du feu de bois à la plaque à induction, et de la superstition à la science. À la fois complexe et profonde, la relation entre l’imagination et la « réalité » joue un rôle très important dans la quête de l’Élément.

Quand vous observez votre environnement physique, vous supposez généralement, j’en suis sûr, que votre perception correspond à la réalité. Voilà pourquoi nous parvenons à conduire une voiture sur une route encombrée, à trouver ce dont nous avons besoin dans un magasin, et à nous réveiller à côté de la bonne personne. Nous savons que dans certaines circonstances – maladie, délire, consommation excessive de substances illicites, etc. – cette hypothèse peut se révéler fausse.

Nous savons aussi que nous sommes capables de quitter notre environnement sensoriel proche et d’appeler des images mentales provenant d’autres lieux et d’autres temps. Si je vous demande de penser à vos meilleurs amis d’enfance, à votre plat préféré ou à la personne la plus barbante que vous connaissez, vous pouvez le faire sans que les intéressés se trouvent sous vos yeux. Ce processus qui consiste à voir les choses dans sa tête est précisément un acte d’imagination. Aussi ma première définition de l’imagination est-elle « la faculté d’évoquer dans son esprit des choses qui ne sont pas à la disposition de nos sens ».

Grâce à elle, nous pouvons revoir le passé, contempler le présent et prévoir l’avenir. Et nous pouvons aussi faire quelque chose d’exceptionnel et d’extrêmement précieux.

Nous pouvons créer.

Grâce à l’imagination, nous faisons venir à notre esprit non seulement des choses que nous avons vécues, mais aussi des choses que nous n’avons encore jamais rencontrées.

Dès lors que nous avons la faculté de dégager notre esprit de l’instant présent, nous sommes en quelque sorte libres. Nous sommes libres de revisiter le passé, libres de recadrer le présent, et libres d’anticiper tout un éventail d’avenirs possibles. L’imagination est le fondement de tout ce qui est spécifiquement humain. Elle est la base du langage, des arts, des sciences, des systèmes philosophiques et de toute la complexité de la culture humaine.

 

Le pouvoir de la créativité :

L’imagination n’est pas la créativité. En effet, la créativité mène le processus d’imagination à un autre niveau. Je la définis comme « le processus qui consiste à avoir des idées originales ayant de la valeur ». L’imagination peut rester exclusivement interne. Vous pouvez être imaginatif à longueur de journée sans que personne ne s’en rende compte. En revanche, on ne dira jamais d’une personne qu’elle est créative si elle n’a rien fait. Pour être créatif, vous devez vraiment faire quelque chose – c’est-à-dire mettre en œuvre votre imagination pour créer une chose nouvelle, pour trouver une solution inédite à un problème, et même pour déterminer de nouveaux questionnements.

On peut considérer la créativité comme l’application de l’imagination.

Vous pouvez être créatif dans n’importe quel domaine – du moment qu’il nécessite le recours à l’intelligence. Cela peut être la musique, la danse, le théâtre, les mathématiques, les sciences, les affaires ou vos relations avec autrui. Si les gens sont créatifs de multiples manières plus extraordinaires les unes que les autres, c’est parce que l’intelligence humaine présente une formidable diversité. Laissez-moi vous donner deux exemples très différents.

 

Le dynamisme de la créativité :

Exemple le plus marquant de la nature dynamique de l’intelligence, la créativité peut solliciter toutes les zones de notre esprit et de notre être.

Si les gens estiment être dépourvus de créativité, c’est parce qu’ils ignorent ce qu’elle recouvre. Or il existe des compétences et techniques générales de pensée créative que tout le monde peut apprendre et appliquer à peu près à n’importe quelle situation. Ces techniques permettent de générer de nouvelles idées, de distinguer les idées utiles des autres, et de supprimer les freins aux réflexions originales, en particulier au sein des groupes.

Faith Ringgold, les Traveling Wilburys, Richard Feynman et la plupart des personnes mentionnées dans cet ouvrage sont extrêmement créatives, chacune à leur manière. Bien qu’elles travaillent dans des domaines différents, des passions et des talents uniques les animent. Elles ont trouvé l’activité qu’elles adorent exercer, et se sont découvert une disposition particulière pour celle-ci. Elles sont dans leur Élément, ce qui stimule leur créativité personnelle. Il pourra ici être instructif de comprendre comment la créativité fonctionne de manière générale.

La créativité se situe un cran au-dessus de l’imagination, car elle nécessite que vous fassiez véritablement quelque chose au lieu de vous contenter d’y réfléchir. Il s’agit d’un processus tout à fait concret qui consiste à essayer de créer quelque chose d’original. Cela peut être une chanson, une théorie, une robe, un poème, un bateau ou une nouvelle sauce pour vos spaghettis. Quelles qu’elles soient, ces réalisations ont certaines caractéristiques communes.

Voici l’une d’elles : il s’agit tout d’abord d’un processus. Il arrive qu’une nouvelle idée soit totalement aboutie, sans nécessiter beaucoup de travail par la suite. Mais, le plus souvent, le processus créatif part d’une vague idée – l’observation de la rotation de l’assiette par Feynman ou l’embryon de chanson imaginé par George Harrison – qui nécessite un développement ultérieur. C’est un voyage qui peut comporter de nombreuses étapes distinctes et des revirements inattendus, faire appel à toutes sortes de compétences et de connaissances, et mener à un endroit totalement imprévu. Richard Feynman a finalement obtenu le prix Nobel de physique, mais on ne le lui a pas décerné sur la base de la serviette qu’il avait gribouillée en déjeunant.

La créativité implique plusieurs processus différents qui interfèrent entre eux. Le premier consiste à générer des idées nouvelles, à imaginer d’autres possibilités, à envisager des alternatives. Il peut s’agir de jouer des notes sur un instrument, de tracer des esquisses rapides, de griffonner quelques pistes sur un papier ou de déplacer des objets, voire soi-même, dans un espace. En outre, le processus créatif implique de développer ces idées en sélectionnant celles qui fonctionnent le mieux ou semblent les plus pertinentes. Ces deux processus – génération et évaluation des idées – sont nécessaires ; peu importe que vous écriviez une chanson, peigniez un tableau, élaboriez une théorie mathématique, réalisiez un reportage photo, rédigiez un livre ou conceviez des vêtements. Ils ne surviennent pas selon un ordre prévisible, mais interagissent l’un avec l’autre. Ainsi, un effort créatif peut impliquer que l’on commence par générer beaucoup d’idées tout en se retenant de les évaluer. Toutefois, dans l’ensemble, un travail créatif constitue un subtil équilibre entre la génération d’idées, leur sélection et leur amélioration.

Étant donné qu’il s’agit de réaliser quelque chose, le travail créatif implique toujours le recours à un médium pour développer ses idées. Ce médium peut prendre toutes les formes imaginables. Les Wilburys utilisaient leurs voix et les guitares. Richard Feynman se servait des mathématiques. Les médiums de Faith Ringgold étaient la peinture et le tissu (ainsi que, parfois, les mots et la musique).

Les personnes qui travaillent de manière créative ont généralement cette chose en commun : elles adorent le médium qu’elles utilisent.

Les musiciens aiment les sons qu’ils produisent, les écrivains aiment les mots, les danseurs aiment le mouvement, les mathématiciens aiment les chiffres, les hommes d’affaires aiment conclure des marchés, les bons professeurs aiment enseigner. Voilà pourquoi ceux qui aiment profondément ce qu’ils font ne considèrent pas leur activité comme un travail au sens ordinaire du terme. Ils le font parce qu’ils le veulent, et parce qu’en le faisant ils se trouvent dans leur Élément.

Trouver le médium qui stimule votre imagination, avec lequel vous adorez jouer et travailler, est une étape importante pour libérer vos énergies créatives. L’histoire regorge d’exemples de personnes qui n’ont pas découvert leurs véritables aptitudes créatives avant d’avoir trouvé le médium avec lequel elles réfléchissaient le mieux. D’après mon expérience, si tant de gens pensent être dépourvus de créativité, c’est qu’ils n’ont tout simplement pas trouvé leur médium.

Les divers médiums nous permettent de penser de différentes manières. Le fait que la créativité se manifeste à travers différents médiums illustre parfaitement la diversité de l’intelligence et des modes de pensée.

Comprendre le rôle des médiums dans le travail créatif est important pour une autre raison. Pour développer notre potentiel créatif, nous devons également développer nos compétences pratiques dans le médium que nous choisissons. Mais il importe de le faire de la bonne manière. Je connais beaucoup de personnes qui se sont détournées des maths pour toujours parce qu’on ne leur avait jamais permis de voir les potentialités créatives de cette discipline – et, comme vous le savez, je suis l’une d’elles… Les enseignants m’ont toujours présenté les maths comme une interminable série de problèmes dont quelqu’un connaissait déjà les solutions. La seule alternative consistait à trouver la bonne ou la mauvaise réponse.

De la même manière, je connais une quantité de personnes qui ont passé d’innombrables heures durant leur enfance à travailler leurs gammes au piano ou à la guitare, et qui ne veulent plus désormais toucher à un instrument de musique parce que ces exercices leur ont paru si ennuyeux et répétitifs. Beaucoup d’entre nous ont décidé qu’ils étaient nuls en maths ou en musique, mais il se peut simplement que leurs professeurs n’aient pas choisi la bonne manière ou le bon moment. Peut-être devraient-ils essayer à nouveau ?

 

Ouvrir son esprit :

La pensée créative implique bien plus que les types de pensée logique et linéaire qui dominent la conception occidentale de l’intelligence et plus particulièrement l’éducation. Le lobe frontal du cerveau entre en jeu dans certaines aptitudes intellectuelles d’ordre supérieur. L’hémisphère gauche est la zone qui contribue le plus à la pensée logique et analytique. Mais la pensée créative sollicite bien d’autres parties du cerveau.

Être créatif consiste à établir de nouvelles connexions avec notre environnement afin de voir les choses de façon différente et sous d’autres angles.

Les idées créatives surviennent souvent de manière non linéaire, quand nous percevons des liens ou similitudes entre les choses que nous n’avions pas remarqués auparavant. La pensée créative dépend énormément de ce que l’on appelle parfois la pensée divergente ou latérale, et notamment la réflexion à base de métaphores ou d’analogies.

Je ne prétends toutefois pas opposer la créativité à la pensée logique. Les règles de la logique laissent énormément de place à la créativité et à l’improvisation, comme toutes les disciplines soumises à des règles. Pensez à la créativité que permettent les échecs, certains sports, la poésie, la danse et la musique, bien que ces disciplines fassent l’objet de règles et de conventions très strictes. La logique peut avoir une grande importance à différents stades du processus créatif, selon le type de travail entrepris, notamment lorsque nous évaluons des idées nouvelles et la manière dont elles confortent les théories existantes ou les remettent en cause. Néanmoins, la pensée créative va au-delà de la pensée linéaire et logique, sollicitant toutes les zones de notre esprit et de notre corps.

Il est aujourd’hui largement admis que les deux moitiés du cerveau ont des fonctions différentes. L’hémisphère gauche gère le raisonnement logique et séquentiel – par le biais du langage, de la réflexion mathématique, etc. Tandis que l’hémisphère droit permet la reconnaissance des motifs et des visages grâce à la perception visuelle, l’orientation spatiale et le mouvement. Toutefois, ces deux zones sont loin de fonctionner séparément. En observant des images du cerveau en action, on constate à quel point elles sont interactives. À l’instar du reste du corps, toutes leurs fonctions sont liées entre elles.

Quelles que soient les différences de genre dans nos façons de pensée, la créativité est toujours un processus dynamique susceptible de faire appel à divers types d’intelligence en même temps. La danse est un processus physique, kinesthésique. La musique est un art reposant sur le son. Néanmoins, les mathématiques font partie intégrante des prestations de nombreux danseurs et musiciens. Inversement, les scientifiques et mathématiciens réfléchissent souvent de manière visuelle pour représenter et vérifier leurs idées.

En outre, la créativité est loin d’utiliser notre seul cerveau. Jouer d’un instrument, créer des images, fabriquer des objets, réaliser une danse et faire toutes sortes de choses constituent aussi des processus extrêmement physiques, qui reposent sur les sensations, l’intuition et une habile coordination des mains et des yeux, du corps et de l’esprit. Dans de multiples disciplines – la danse, le chant ou le théâtre –, nous ne recourons à aucun médium externe. Nous sommes nous-mêmes le médium de notre travail créatif.

Par ailleurs, l’activité créative va puiser profondément dans notre intuition et notre inconscient ainsi que dans notre cœur et nos sensations. Ne vous est-il jamais arrivé d’oublier le nom d’une personne ou d’un lieu ? Vous avez beau essayer, vous ne parvenez pas à vous le rappeler, et plus vous cherchez, plus il devient insaisissable. En général, la meilleure chose à faire est de cesser d’y penser et de « laisser reposer dans un coin de sa tête ». Plus tard, le nom vous reviendra sans doute à l’esprit au moment où vous vous y attendrez le moins. Cela s’explique par le fait que notre esprit est loin de se réduire aux processus délibérés de la pensée consciente.

Sous la surface bruyante de notre cerveau se cachent d’immenses réserves de mémoire et d’association, de sensations et de perceptions qui traitent et enregistrent les expériences de notre vie sans que nous en ayons conscience. Si bien qu’à certains moments la créativité constitue un effort conscient. À d’autres, nous devons laisser nos idées fermenter et nous fier aux ruminations inconscientes et profondes de notre esprit, sur lesquelles nous avons moins de contrôle. Parfois quand nous le faisons, les idées que nous cherchions surgissent tout d’un coup, comme si nous avions fait sauter le bouchon d’une bouteille.

 

Reprendre sa vie en main :

Le pouvoir de la créativité humaine apparaît partout, dans les technologies que nous employons, dans les bâtiments que nous habitons, dans les vêtements que nous portons et dans les films que nous regardons. Mais sa portée est bien plus large. Elle affecte non seulement ce que nous apportons au monde, mais aussi ce que nous en pensons.

Contrairement à toutes les autres espèces vivantes, autant que nous puissions le dire, nous ne nous contentons pas de faire notre trou dans le monde. Nous consacrons une grande partie de notre temps à parler et à réfléchir à ce qui se passe, et à essayer de comprendre ce que tout cela signifie. Nous pouvons le faire grâce à notre étonnante faculté d’imagination, qui nous permet de penser sous forme de mots et de nombres, d’images et de gestes, et de les utiliser pour élaborer des théories, des objets et toutes les idées et valeurs complexes de l’existence humaine. Nous ne nous contentons pas de voir le monde tel qu’il est ; nous l’interprétons par le biais des idées et croyances spécifiques qui ont façonné nos propres cultures et nos conceptions personnelles. Placées entre nous et nos expériences brutes du monde, celles-ci agissent comme un filtre sur ce que nous percevons et sur notre manière de penser.

Ce que nous pensons de nous-mêmes et du monde fait de nous ce que nous sommes et ce que nous pouvons devenir. Si nous créons notre vision du monde, nous pouvons aussi la recréer en adoptant un point de vue différent et en redéfinissant notre situation.

Au XIXe siècle, William James fut l’un des grands précurseurs de la psychologie moderne. À l’époque, on admettait déjà de plus en plus couramment que nos idées et modes de pensée pouvaient nous emprisonner ou nous libérer. James le formulait ainsi : « Voici la plus grande découverte de ma génération : l’être humain est capable de modifier sa vie en modifiant son attitude mentale […] En changeant votre état d’esprit, vous pouvez changer votre vie. »

Voilà le véritable pouvoir de la créativité et la vraie promesse qu’offre la découverte de votre Élément.

 

Dans L’élément, Ken Robinson nous invite à redécouvrir ce qui fait vibrer notre âme : l’endroit où nos talents naturels et nos passions se rejoignent. C’est ici que la magie opère, où la vie devient fluide, épanouissante, et pleine de sens. Robinson nous montre à travers des récits inspirants de personnalités, mais aussi de personnes anonymes, comment chacun peut trouver son Élément, cette étincelle intérieure qui transforme notre existence.

Imaginez une vie où chaque jour, vous faites ce que vous aimez tout en étant doué·e pour cela. Ce n’est pas un rêve, c’est une réalité possible. Mais pour cela, il faut dépasser les limites que l’éducation traditionnelle et la société nous imposent, ces mêmes barrières qui étouffent la créativité et nous éloignent de notre vraie nature.

Robinson illustre à merveille que trouver son Élément est souvent une aventure imprévisible, remplie de surprises et de défis. Il démontre également que ce voyage est unique pour chacun·e. Parfois, cela demande de trouver sa “tribu”, ces personnes qui partagent les mêmes passions, qui nous soutiennent et nous encouragent à être nous-mêmes.

Avec L’élément, vous êtes invité·e à découvrir une nouvelle perspective, à libérer votre potentiel et à vivre une vie en pleine harmonie avec ce qui vous anime profondément. Ce livre est un guide puissant vers la découverte de soi et une vie pleine de créativité. Alors, êtes-vous prêt·e à explorer votre Élément ?

Vous trouverez ce livre sur le site Place des Libraires en identifiant une librairie près de chez vous, ou sur le site de la FNAC.

Les extraits que je vous partage sont ceux qui m’ont parlé lors de la lecture du livre.

Aussi, je vous encourage à acheter ce livre car vous y trouverez tous les détails sur votre Elément.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut