Changez d’état d’esprit
Les individus dotés d’un état d’esprit fixe ont tendance à croire que les qualités personnelles comme l’intelligence et le talent sont déterminées à la naissance et ne peuvent être modifiées. Celles-ci seraient tout simplement gravées dans le marbre. « L’état d’esprit fixe crée un besoin impérieux de faire ses preuves, encore et toujours. » Si vous pensez être doté(e) seulement d’une certaine dose d’intelligence, d’une certaine personnalité et d’un certain sens moral, vous avez intérêt à prouver que vous possédez ces capacités de base en quantité suffisante. Le contraire serait du plus mauvais effet.
L’état d’esprit fixe est renforcé par certaines formes d’éducation et par l’image populaire des tests de QI, qui évaluent par des notes des qualités comme l’intelligence. Tant de personnes à l’état d’esprit fixe sont obsédées par « ce but insatiable de faire leurs preuves – en classe, dans leur carrière, et dans leurs relations ». Vais-je réussir ou échouer ? Aurai-je l’air intelligent(e) ou idiot(e) ? Serai-je accepté(e) ou rejeté(e) ? Me verrai-je comme un(e) gagnant(e) ou un(e) perdant(e) ?
L’état d’esprit de développement, lui, est aux antipodes. Il repose sur la croyance que vous pouvez développer vos aptitudes et vos possibilités par vos propres efforts. Bien que chacun diffère par son patrimoine biologique, les individus dotés d’un tel état d’esprit sont convaincus que chacun peut changer et évoluer grâce à la persévérance et à l’expérience.
L’un des plus vieux débats sur le développement humain concerne la relation entre nature et culture. Vos capacités et vos réussites sont-elles davantage le fruit de la biologie ou de l’expérience ? À l’heure actuelle, la thèse scientifique et philosophique dominante veut qu’il existe un lien dynamique entre nature et culture. Chacune affecte profondément l’autre. Comme le reste du corps, le cerveau continue à évoluer au cours de la vie à mesure que de nouvelles expériences et compétences génèrent de nouveaux trajets et réseaux neuronaux.
Connais-toi toi-même
En 1921, Carl Jung publie Types psychologiques. Cet ouvrage aura un impact majeur tant sur la discipline de la psychologie que sur la culture populaire, et constitue aujourd’hui encore l’une des théories de la personnalité les plus influentes. Le travail de Jung repose sur plus de vingt années de recherches. Il ne s’attache pas tant à classifier les schémas comportementaux qu’à comprendre le rapport des individus au monde. Jung introduit l’opposition entre introversion et extraversion, qui figure aujourd’hui en bonne place dans les conversations.
Selon le psychiatre suisse, l’introversion et l’extraversion sont des modes d’attention et d’intérêt. L’introverti se tourne davantage vers son monde intérieur, l’extraverti vers le monde extérieur. L’introversion se caractérise en général par « un naturel réservé, méditatif, facilement hésitant, qui ne se livre pas volontiers, se dérobe aisément devant les objets, se trouve toujours quelque peu sur la défensive et se retranche avec prédilection derrière une attitude d’observation un rien méfiante », tandis que l’extraversion s’exprime par « un naturel prévenant, en apparence ouvert et obligeant, qui se plie aisément à toutes les situations nouvelles, qui se fait rapidement de nouvelles relations, et qui se lance souvent dans l’inconnu, sans souci et en confiance, écartant délibérément les objections qui peuvent lui venir à l’esprit ». Aussi neutre que Jung prétende être, il est facile de percevoir qu’il n’apprécie guère les extravertis. Toutefois, il affirme que nul n’est exclusivement introverti ou extraverti. Bien que chacun de nous, en suivant son inclination dominante, dépende davantage de l’une de ces deux attitudes de base, l’attitude opposée peut toujours se manifester.
Outre ces deux attitudes, Carl Jung identifie quatre fonctions psychologiques fondamentales :
- Pensée – processus de réflexion consciente
- Sensation – perception du monde à travers les sens physiques
- Sentiment – processus d’évaluation subjective
- Intuition – processus de perception inconsciente
Il combine ces deux attitudes et ces quatre fonctions pour proposer huit principaux types de personnalité. Il veille bien à préciser que son système de classification ne prétend pas tout expliquer des différences psychologiques individuelles, et ne vise pas davantage à étiqueter les gens. Le psychiatre considère ce système avant tout comme un outil qui permet de comprendre les similarités et les différences entre les individus, dans un but d’analyse et de traitement. À aucun moment il n’envisage d’en tirer une application pratique généralisée.
Pourtant le système de Jung sera ensuite repris par différentes méthodes de classification des personnalités, qu’utilisent aujourd’hui les mondes de l’entreprise, de l’éducation, du coaching et du conseil en gestion de carrière. La plus connue d’entre elles est le Myers-Briggs Type Indicator (MBTI), élaboré dans les années 1940 par Catherine Cook Briggs et sa fille Isabel Briggs Myers. En associant la théorie de Carl Jung aux notions de préférences, le MBTI génère 16 types de personnalités. Ce test est conçu pour vous permettre de découvrir votre type en vous évaluant à travers quatre pôles de préférences :
- Extraversion (E) – Introversion (I)
- Sensation (S) – Intuition (N)
- Pensée (T pour Thinking) – Sentiment (F pour Feeling)
- Jugement (J) – Perception (P)
Les résultats du test génèrent l’un des seize codes à quatre lettres qui correspond à votre type de personnalité (Si cela vous intéresse, le mien est INFP). Les conceptrices du MBTI prétendent que ces seize types recouvrent tout le monde, du moins dans les grandes lignes, ce qui en fait un test utile et fiable. Cela ne veut pas dire que les individus ne sont pas tous uniques. « Une centaine de personnes du même type qui se trouveraient dans une même pièce seraient néanmoins toutes différentes parce qu’elles ont des parents, des gènes, des expériences, des intérêts, etc., différents. Cependant, elles auraient par ailleurs un nombre considérable de choses en commun. »
Le test MBTI part du principe que vos choix personnels et professionnels devraient reposer sur une connaissance adéquate de vos aptitudes, intérêts et valeurs – les trois principaux facteurs pris en compte par les praticiens. Or, ces caractéristiques peuvent toutes évoluer au fil du temps. À mesure que vous gagnez en expérience, vous acquérez de nouvelles compétences, à mesure que le temps passe, vous pouvez trouver de nouveaux centres d’intérêt et en abandonner d’anciens. Bien souvent, le but de votre vie change avec les années. Votre type de personnalité ne détermine pas votre aptitude ni ne prédit votre réussite. Il est censé « permettre à chacun de nous de découvrir ce qui nous motive et nous dynamise le plus en tant qu’individus, afin que nous puissions rechercher ces éléments dans le métier que nous choisissons d’exercer ».
Comme je l’ai dit dans L’Élément, tous les systèmes de classification ont leurs défauts, y compris le MBTI. Par conséquent, vous devez tous les considérer avec un esprit critique, et ne pas vouloir vous y conformer à tout prix. En revanche, ils pourront vous être utiles pour vous interroger et réfléchir à vous-même. Mais ne vous en servez pas pour vous cataloguer et vous restreindre !
Une question de tempérament
Je trouve particulièrement intéressant le système de classification suivant, qui repose sur des études à long terme réalisées auprès d’enfants et de leurs parents. Comme nous avons tous été enfants et que nous avons tous eu des parents quels qu’ils aient été, nous pouvons tous employer cette méthode. Je l’aime bien parce qu’elle ne propose pas un nombre donné de types de personnalités, mais des traits de caractère, qui se combinent de nombreuses manières différentes en chacun de nous.
Les époux Alex Thomas et Stella Chess exerçaient la pédopsychiatrie à New York. Ils se sont intéressés en particulier à la notion de tempérament, qu’ils ont définie en faisant référence à l’aptitude et à la passion telles que je les décris. Selon eux, il faut distinguer trois qualités :
- ce que vous savez faire – vos compétences et talents ;
- pourquoi vous le faites – vos motivations et objectifs ;
- comment vous le faites – vos styles de comportement, ou votre tempérament.
À partir d’études au long cours sur le comportement des enfants, les Drs Chess et Thomas ont identifié neuf modes de comportement et supposé que tous les enfants (ainsi que les adultes) possédaient chacun de ces traits de caractère à des degrés divers.
La sensibilité sensorielle fait référence à l’importance du stimulus nécessaire pour provoquer une réaction chez l’enfant. Celui-ci est-il gêné par des stimuli externes comme des bruits, des textures ou des lumières, ou semble-t-il les ignorer ? « Certains enfants cligneront des yeux en réaction à la lumière du soleil, tandis que d’autres hurleront, explique le Dr Chess. Certains remarqueront à peine un bruit fort, tandis que d’autres y seront extrêmement sensibles. »
L’intensité de réaction désigne le degré de réaction de l’enfant. « Un enfant très vif rira à gorge déployée et poussera des cris, tandis qu’un enfant peu vif réagira par un léger sourire. Dans le cas d’une humeur négative, le premier hurlera et pleurera à chaudes larmes, tandis que le second pleurnichera et s’agitera de façon modérée. »
L’activité fait référence à l’énergie physique de l’enfant. « Un enfant peu actif pourra regarder la télévision tranquillement pendant des heures. Un enfant très actif aura tendance à remuer souvent et à se lever pour chercher une boisson ou tout autre objet. Certains enfants préfèrent les jeux très actifs ou se déplacent avec frénésie quoi qu’ils fassent. » Un enfant très énergique aura du mal à rester assis en classe, tandis qu’un enfant peu énergique supportera un environnement très structuré. Le premier recourra plus fréquemment à des compétences motrices globales, telles que la course ou le saut. Le second s’emploiera à des activités motrices plus fines, comme dessiner ou faire des puzzles.
L’adaptabilité désigne la vitesse à laquelle l’enfant s’habitue à un changement dans la durée, par opposition à sa réaction immédiate. S’adapte-t-il aisément à un changement de son environnement, ou lui résiste-t-il ? Un enfant qui s’adapte avec facilité s’installera vite dans une nouvelle routine, tandis qu’un enfant réfractaire mettra plus longtemps à se faire à la situation.
L’approche et le retrait font référence à la manière dont l’enfant réagit aux expériences et aux stimuli, qui comprennent la confrontation avec de nouvelles personnes ou situations. « Dans une situation nouvelle, certains enfants ont tendance à se sentir aussitôt à l’aise – réaction d’ouverture. D’autres sont mal à l’aise et restent en retrait jusqu’à ce qu’ils se sentent rassurés. » Un enfant intrépide abordera les choses rapidement, comme sans réfléchir, tandis qu’un enfant prudent préférera observer pendant un temps avant de s’engager dans de nouvelles expériences.
La persévérance et la durée de l’attention font référence à la période pendant laquelle l’enfant peut se consacrer à une tâche, ainsi qu’à sa capacité à la poursuivre malgré les contretemps. Un enfant très persévérant continuera la tâche entamée et y reviendra malgré les distractions et les interruptions. Un enfant peu persévérant se désintéressera plus rapidement, quitte à ne pas terminer la tâche.
La régularité physiologique fait référence aux fonctions biologiques telles que le sommeil, la faim et le transit intestinal. « Certains enfants, très réguliers dans leurs fonctions biologiques, s’endorment, se réveillent et mangent chaque jour aux mêmes heures. » D’autres s’endorment à des heures variables, ont un sommeil irrégulier et mangent à des heures inhabituelles.
La distractivité désigne la tendance qu’a un enfant à se détacher d’une activité. Certains joueront intensément ou resteront concentrés sur une tâche d’apprentissage sans même remarquer qu’on passe près d’eux. D’autres se laisseront facilement distraire et auront du mal à se concentrer sur la tâche en cours.
L’humeur désigne la tendance générale de l’enfant à avoir une attitude positive ou négative – combien il est heureux, enjoué et agréable ou l’inverse. « Certains enfants sont contents la plupart du temps, c’est un plaisir de les côtoyer. D’autres sont plus souvent contrariés, au grand dam des parents. » Dans ce cadre précis, l’humeur se rapproche sans doute de ce que je qualifie de disposition.
Tous les enfants possèdent ces neuf traits de caractère ainsi que beaucoup d’autres. La manière dont ceux-ci se combinent détermine le mode de comportement, ou tempérament unique d’un enfant. À propos, ce mot vient du latin temperare, qui signifie « mélanger ». En effet, le tempérament constitue un équilibre entre différents éléments et non une caractéristique singulière.
Modifiez l’attitude des autres
Il arrive que les obstacles à surmonter proviennent non pas de vos propres attitudes, mais de celles de votre entourage. Ce n’est pas parce que les autres s’attendent à ce que vous atteigniez tels objectifs de telle manière et à tel moment que c’est la seule voie possible. Parfois, l’attitude positive consiste à faire fi des convenances.
Votre attitude joue aussi un rôle important. Votre patrimoine biologique et votre histoire peuvent certes déterminer votre point de départ, mais pas votre destination. Bien entendu, quelle que soit votre situation, il est toujours plus facile de trouver des excuses que de prendre le taureau par les cornes. Comme a dit l’activiste politique Antonio Gramsci, « celui qui ne veut pas agir dit qu’il ne le peut pas ». Mais, si vous êtes disposé(e) à agir, la confiance en vous et la détermination vous permettront de faire face aux débuts les moins prometteurs et aux circonstances les plus défavorables.
La manière dont vous réagissez au monde qui vous entoure affecte énormément la manière dont le monde réagit envers vous. Si vous changez de comportement, vous verrez de nouvelles personnes entrer dans votre vie, et celles que vous connaissez déjà porteront sans doute un autre regard sur vous. De nouvelles opportunités se présenteront. Si vous les saisissez, vous provoquerez des changements aussi bien dans la vie des autres que dans la vôtre. C’est ainsi que la nature organique de la vie humaine évolue. Que vous preniez part ou non à ce processus, et comment, est une question d’attitude.
Quelques questions à méditer :
- À quel point souhaitez-vous atteindre votre Élément ?
- Quels efforts êtes-vous prêt(e) à fournir pour y parvenir ?
- Croyez-vous que vous méritez de trouver votre Élément ?
- Que pourriez-vous faire pour avoir davantage confiance en vous-même ?
- En quoi votre tempérament affecte-t-il votre quête ?
- Que pouvez-vous faire pour modifier l’attitude de ceux qui vous entourent ?
« Trouver son Élément » de Ken Robinson est un véritable trésor pour ceux qui aspirent à une vie plus authentique et vibrante.
Avec une approche inspirante, Ken Robinson nous guide pour découvrir notre « Élément » – cet espace magique où nos talents et nos passions se rejoignent. Imaginez : faire ce que vous aimez vraiment, être pleinement vous-même, et sentir que chaque instant est en harmonie avec qui vous êtes !
Ken Robinson partage avec chaleur des méthodes concrètes et intuitives pour révéler nos aptitudes cachées et suivre nos passions profondes. Grâce à des exercices, des témoignages émouvants et des questions introspectives, ce livre agit comme un compagnon de route, prêt à nous aider à percer nos blocages intérieurs et à libérer notre potentiel.
Au-delà d’un simple manuel, Trouver son Élément est une invitation hypnotique à repenser notre manière de vivre et à redécouvrir ce qui nous anime réellement. Par des techniques comme la méditation, le mind mapping ou les tableaux de visualisation, Ken Robinson nous encourage à faire de notre vie une aventure passionnante, guidée par notre « moi » le plus authentique.
Ce livre est bien plus qu’une lecture – c’est une opportunité unique de se reconnecter avec son essence et d’épanouir tout son potentiel. Un voyage que chaque lecteur est invité à vivre pour embrasser une vie plus épanouissante et pleine de sens.
Vous trouverez ce livre sur le site Place des Libraires en identifiant une librairie près de chez vous, ou sur le site de la FNAC.
Les extraits que je vous partage sont ceux qui m’ont parlé lors de la lecture du livre.
Aussi, je vous encourage à acheter ce livre car vous y trouverez tous les détails sur la méthode pour Trouver votre Elément.