Personne écrivant près d'un ordinateur portable.

Tous enthousiastes ! – André Stern – L’enthousiasme, un levier puissant pour dépasser vos limites

Une nouvelle compréhension de l’enthousiasme

Pour illustrer l’enthousiasme, on choisit généralement l’image d’une personne riant aux éclats. Je me souviens par exemple d’une équipe d’organisateurs qui avait décidé de porter des tee-shirts multicolores pour « faire enthousiastes ».

Mais « enthousiasme » n’est pas un synonyme de « joie » ni de « rire ». Bien souvent, notre enthousiasme nous entraîne à faire des efforts considérables. Le visage concentré d’un enfant enthousiaste se différencie totalement de son visage lorsqu’il est joyeux.

Antonin, trois ans, observe quelqu’un passer la tondeuse à gazon. Un peu plus tard, alors que la tondeuse est garée à sa place dans l’appentis, il manifeste de tout son corps le désir de conduire cette machine. J’en démarre donc le moteur et, voyant qu’il veut qu’elle roule, je le laisse tenir l’immense guidon avec moi tandis qu’elle se met en branle.

Il vous faut imaginer les proportions. Si vous, adulte, deviez vous mesurer à une machine proportionnellement aussi grande, elle prendrait, devant vous, la place d’une automobile. Elle en aurait également l’irrésistible puissance. Pour en tenir le guidon, vous devriez, bras en l’air, vous étirer de tout votre corps. Le moteur vous secourait de haut en bas, et le bruit vous paraîtrait assourdissant.

Mais Antonin ne lâcherait pour rien au monde cette barre qu’il a tant désiré tenir. Une fois mise en branle, même à la plus petite des vitesses, la machine l’oblige à marcher très vite, presque à courir. Il est profondément concentré et sérieux.

Peu après, familiarisé avec le comportement de la machine, il veut en tenir toute la barre et pousse un peu mes mains. Il veut bien que je reste tout près, mais il veut tenir le guidon seul. Il se dirige résolument vers l’herbe. J’observe son visage perplexe et déçu lorsqu’il constate que la tondeuse… ne tond rien du tout, car je n’ai pas démarré la lame. Sa détermination est si forte, si convaincante que je décide de déclencher la tonte. Le bruit change, la machine le secoue davantage, il y a un gros courant d’air qui gonfle autour de nous, je reste sur le qui-vive, aussi concentré que mon fils. Nous roulons très prudemment et tondons avec une grande attention.

Au bout de vingt minutes à ce régime, mon fils plein de courage et de confiance constate de lui-même qu’il est à bout de forces. Nous arrêtons la tondeuse au bord du chemin. Je repasserai plus tard pour la garer. Me confier cette responsabilité apaise Antonin.

Je mets l’effort qu’il vient de fournir en regard d’une objection si souvent entendue, une sorte de fantasme classique de notre monde : « Dans la vie, on ne peut pas toujours suivre son enthousiasme, il n’y a pas que des choses agréables sur Terre, il y a des moments où il faut se donner du mal, faire des efforts, se forcer un peu, passer par-dessus son manque d’enthousiasme… et parfois, c’est après s’être forcé à faire certaines choses que l’on éprouve de la satisfaction. »

Prenons cette phrase. Sortons-la de son contexte et mettons-la dans un autre. Imaginons-la dite à une jeune actrice par un producteur libidineux… et la voilà déjà moins consensuelle, non ? Si cette phrase est dysfonctionnelle dans ce nouveau contexte, c’est bien qu’elle l’est fondamentalement, quel que soit le contexte.

Antonin vient, justement, de nettement grandir au-delà de ses propres limites. S’il n’a tenu compte d’aucun des facteurs dissuasifs cités plus haut (s’étirer pour atteindre le guidon, puissance, vibration, vitesse, bruit), s’il n’a point ressenti l’effort considérable que cette tâche lui a demandé, ce n’est pas parce qu’il s’y est forcé, mais bien parce qu’il en était enthousiaste ! Et parce qu’il avait, lui-même, choisi cette tâche.

Imaginez que les choses se soient passées différemment. Qu’il ait été occupé par d’autres enthousiasmes et que j’aie, soudain, fait irruption en lui disant : « Mon garçon, dans la vie, on ne peut pas toujours suivre son enthousiasme, il y a des moments où il faut se donner du mal, se forcer un peu… donc, afin que tu apprennes à faire des efforts, je te donne comme devoir de conduire cette tondeuse pendant vingt minutes… »

Il ne serait resté que la souffrance. Trop haut, trop fort, trop vite. C’est la cuisante différence entre une tâche que l’on choisit par enthousiasme et celle que l’on vous impose.

Nous nous représentons généralement la notion d’enthousiasme comme un feu d’artifice retentissant et trépignant. Je vois souvent nos fils éclater de joie, crier et rire en courant. Leur joie est une manifestation de leur enthousiasme. Mais l’enthousiasme lui-même n’est pas nécessairement bruyant ni spectaculaire.

Ce matin, assis sur mes genoux, Benjamin, âgé d’un an et demi, m’a observé extraire le jus d’un demi-citron sur notre presse-citron en verre. Cela m’a rappelé combien j’appréciais cet objet lorsque j’étais enfant. Sa forme parfaitement adaptée, les rainures pour l’écoulement du jus, les petits ergots pour retenir les pépins et la pulpe, tout cela me plaisait beaucoup (tandis que le presse-agrumes électrique m’effrayait un peu).

Après avoir extrait tout le jus du citron, je l’ai versé dans mon verre et j’ai posé le presse-citron un peu à côté. Alors, Benjamin a manifesté avec force – cette manière particulière de lancer toute son énergie dans une direction, vers un objet, pour se faire comprendre sans équivoque bien au-delà des mots – le désir de récupérer le presse-citron et le demi-citron vidé de son jus. Je les ai donc rapprochés de lui. Il a saisi le citron, l’a parfaitement repositionné sur le presse-citron, a fait deux mouvements semi-circulaires de sa petite main pour fidèlement mimer mon geste (mais sans la pression), puis a soulevé le citron et poussé le presse-citron vers mon verre pour que j’y verse le jus virtuel. Il a répété ce jeu une vingtaine de fois, car l’une des caractéristiques principales de tout enthousiasme, de tout jeu et de leur synonyme commun qu’est le sacro-saint apprentissage, est la réitération.

Le silence de ce jeu ordinaire démontre à quel point l’enthousiasme sait être discret. À nous de lui donner, tout aussi discrètement, l’espace nécessaire. Les manifestations bruyantes et artificielles de certains adultes face aux « réussites » et aux « exploits » des enfants sont l’un des pires tueurs d’enthousiasme intrinsèque qui soient.

Imaginez que vous veniez, porté par un enthousiasme profond, de presser un citron et que vos collègues au travail se mettent à s’exclamer théâtralement en dansant d’un pied sur l’autre : « Oh, mais c’est merveilleux ! Quelle adresse ! Tu es un champion ! Tu es le meilleur ! »

Je crois que cela vous arrêterait net. Vous pourriez, tout au plus, ressentir l’envie de vous joindre à eux pour partager ces gesticulations…

L’enthousiasme sait être discret.

 

Être enthousiaste, c’est être immergé dans l’énergie divine par Satish Kumar

Satish Kumar est indien, marcheur, auteur et rédacteur, après avoir été moine jaïn, militant du désarmement nucléaire et pacifiste. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’en 1962 il effectue, à pied et sans argent, une marche pacifiste de 8 000 km reliant quatre capitales de pays dotés de l’arme atomique : Moscou, Paris, Londres et Washington. Aujourd’hui, il vit en Angleterre où il est rédacteur en chef des magazines Resurgence et The Ecologist. J’ai eu la chance de le rencontrer lors d’un congrès : dès l’abord, sa personne et ses mots m’ont fait grande impression. Nos sujets paraissaient différents, mais ils conduisaient au même endroit.

Au cœur du mot “enthousiasme”, la racine “theo” atteste de l’inspiration supérieure qui anime la personne enthousiaste, au plus profond d’elle-même. Lorsque nous choisissons de nous engager, d’entrer en action avec enthousiasme, alors Dieu, l’univers et le cosmos nous viennent en aide, et nous sommes capables d’accomplir de grandes choses.

Imaginons par exemple que nous plantions une graine dans le sol avec amour et enthousiasme : le soleil, la pluie, la terre, les lombrics et toutes sortes d’autres forces s’uniront pour aider cette graine à grandir et à devenir un arbre. Mais si nous plantons la graine sans aucun enthousiasme, alors rien ne s’accomplira.

 🌟 Et si l’enthousiasme était la clé de tout ? Dans ce livre lumineux, André Stern explore l’enthousiasme, ce moteur inné que nous portons tous en nous depuis la naissance. Contrairement à une vision figée de l’intelligence dictée par les gènes, l’auteur met en lumière le rôle transformateur de l’épigénétique et de nos expériences. Le cerveau humain, explique-t-il, ne se développe pas comme un muscle, mais grâce à une stimulation émotionnelle intense – autrement dit, par l’enthousiasme.

Dès l’enfance, ce feu sacré s’active à chaque découverte. Un enfant n’a pas besoin d’apprendre la tolérance ou d’être forcé à travailler : il s’enthousiasme naturellement pour ce qui l’entoure, des chiffres d’une plaque d’immatriculation aux lettres sur un panneau. Ce cocktail d’émotions génère des substances neuroplastiques qui renforcent les réseaux neuronaux. L’enthousiasme n’est pas un luxe réservé à l’enfance. À 85 ans, vous pourriez apprendre le chinois en six mois… si vous étiez passionné !

Stern déconstruit également l’idée que l’autonomie résulte de la séparation. En réalité, un attachement profond à une figure aimante nourrit la confiance nécessaire pour explorer le monde. Jouer, pour un enfant, n’est pas une distraction : c’est une immersion totale dans un monde où imaginaire et réalité se confondent, libérant une créativité illimitée.

Enfin, ce livre rappelle que nous ne perdons jamais notre capacité à être enthousiastes. Nous avons simplement oublié de l’entretenir. Stern nous invite à redécouvrir ce trésor, à transformer notre quotidien et à retrouver l’émerveillement dans chaque petite chose. ❤️

Un livre à lire absolument pour réveiller l’enfant curieux et joyeux en chacun de nous !

Vous trouverez ce livre sur le site Place des Libraires en identifiant une librairie près de chez vous, ou sur le site de la FNAC.

Les extraits que je vous partage sont ceux qui m’ont parlé lors de la lecture du livre.

Aussi, je vous encourage à acheter ce livre car vous y trouverez sûrement d’autres parties qui vous inspireront.

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