Semaine 5 : Retrouver le sentiment du possible
Cette semaine, je vous demande d’examiner les bénéfices que vous retirez en ne bougeant pas. Vous allez voir comment vous n’exploitez pas votre potentiel en imposant des limites sur les bonnes choses que vous pouvez recevoir. Vous allez estimer combien cela vous coûte de vouloir paraître bien au lieu d’être authentique. Vous allez peut-être imaginer des changements radicaux et ne plus inhiber votre croissance en rendant les autres responsables de votre constriction.
Ne nous fixons pas de limites :
Une des plus grandes barrières pour accepter la générosité de Dieu, c’est d’avoir une notion limitée de ce que nous sommes vraiment capables d’accomplir. Peut-être sommes-nous au diapason avec la voix du Créateur qui est en nous ; nous entendons son message et ensuite nous n’en tenons pas compte parce que ça nous semble complètement fou ou impossible.
Peut-être certains d’entre vous pensent-ils que cela ressemble à l’histoire de la baguette magique : je prie et presto ! Quelquefois, ça se passera comme ça. Plus souvent, ce dont nous parlons semble être une collaboration consciente où le travail se fait lentement et progressivement, en nous rescapant du naufrage de notre schéma négatif, en clarifiant la vision de ce que nous voulons, en apprenant à accepter de petits fragments de cette vision d’où qu’elle puisse venir et alors, un jour, presto ! La vision semble soudainement en place. En d’autres termes, priez pour attraper le bus et ensuite courez aussi vite que vous le pouvez !
Pour que ça se produise, d’abord il faut croire qu’il vous est permis d’attraper le bus. Nous arrivons à prendre conscience que Dieu a des ressources illimitées auxquelles chacun a les mêmes chances d’accéder. Cela permet de nous dégager de la culpabilité induite par le sentiment d’avoir ou d’obtenir trop. Puisque tout le monde peut puiser dans les ressources universelles, nous ne privons personne de notre abondance.
« Regardez et vous trouverez – ce qu’on ne recherchera pas ne se rencontrera pas. »
SOPHOCLE
Trouver la rivière :
Le changement vers une dépendance spirituelle se fait progressivement. Nous acceptons ce changement de façon lente et sûre. Chaque jour, nous devenons plus authentiques, nous adoptons une attitude plus positive. À notre grande surprise, cela semble aussi marcher avec nos relations. Nous nous découvrons capables de dire davantage de notre vérité, d’entendre davantage la vérité des autres et d’accepter ces deux vérités. Nous jugeons moins nous-mêmes et les autres. Comment est-ce possible ? Les pages du matin, le courant interne de notre conscience, nous font graduellement lâcher l’emprise que nous avions sur nos opinions ancrées et nos vues étroites. Nous voyons que nos humeurs, nos vues et nos visions intérieures sont transitoires. Nous acquérons un sens du mouvement, un courant de changement dans nos vies. Ce courant, ou rivière, est un flot de grâce qui se déplace vers notre juste moyen d’existence, nos compagnons, notre destin.
La dépendance à notre Créateur intérieur, c’est vraiment la liberté vis-à-vis de toutes les autres dépendances. De façon paradoxale, c’est aussi la seule voie possible pour une intimité authentique avec les autres. Libérés de nos terribles peurs d’abandon, nous sommes capables de vivre avec plus de spontanéité. Libérés de nos incessantes demandes d’une constante réassurance, nos compagnons sont capables de nous aimer en retour sans se sentir accablés d’un lourd fardeau.
La plupart d’entre nous découvrent qu’au fur et à mesure que nous travaillons avec les pages du matin, nous devenons moins rigides. La reconquête, c’est le processus de trouver la rivière et de dire oui à son flux, à ses rapides et autres courants. Nous nous surprenons à accepter et non à refuser les opportunités. En nous séparant difficilement des idées que nous avons sur nous, nous trouvons que le nouveau Moi qui émerge prend du plaisir dans toutes sortes d’aventures bizarres.
En adoptant légèrement une attitude de douce exploration, nous pouvons commencer à nous laisser aller à l’expansion créatrice. En remplaçant des expressions comme : « En aucune manière ! » par des « Peut-être », nous laissons la porte ouverte au mystère et à la magie.
Cette nouvelle attitude positive est le début de la confiance. Nous commençons à rechercher le côté positif de l’adversité. La plupart d’entre nous trouvent que les pages du matin permettent de nous traiter avec plus de gentillesse. Nous sentant moins désespérés, nous sommes moins durs avec nous-mêmes et avec les autres. Cette compassion est l’un des premiers fruits de l’alignement de notre créativité avec son Créateur.
En ayant confiance en notre guide interne et en l’aimant, nous n’avons plus peur de l’intimité parce que nous ne faisons plus la confusion entre nos autres intimes et la puissance plus élevée que nous connaissons. En bref, nous apprenons à abandonner l’idolâtrie – la dépendance adorée à toute personne, lieu ou chose. Par contre, nous plaçons notre dépendance à la source même. La source rencontre nos besoins à travers les gens, les lieux et les choses.
« Souvent, les gens essaient de vivre leur vie à l’envers : ils essaient d’avoir plus de choses, ou plus d’argent, afin de faire davantage ce qu’ils veulent pour être plus heureux. La façon dont cela marche vraiment, c’est le contraire. D’abord, vous devez être ce que vous êtes vraiment, ensuite faire ce qu’il vous faut faire, afin d’avoir ce que vous voulez. »
Margaret YOUNG
Maintes fois, j’ai vu un créateur retrouvant sa créativité faire les pas nécessaires pour être au clair avec lui-même : en se concentrant sur ses rêves et les choses qui lui sont chères, il exécute quelques pas dans cette direction – uniquement pour voir l’univers ouvrir une porte insoupçonnée. Une des tâches centrales de la reconquête de sa créativité, c’est apprendre à accepter cette générosité.
Le piège de la vertu :
De nombreux créateurs en voie de reconquête se sabotent le plus souvent en voulant être agréables. Le coût pour un tel ersatz de vertu est élevé.
Beaucoup d’entre nous ont érigé la privation en vertu. Nous avons endossé la douleur de l’anorexie artistique comme une croix de martyr. Nous l’avons utilisée pour nourrir un faux sens de spiritualité enraciné dans le fait d’être bon, signifiant supérieur.
J’appelle cette spiritualité fausse et séductrice « le piège de la vertu ». La spiritualité a souvent été mal utilisée parce qu’elle empruntait le chemin d’une solitude que l’on n’aime pas, parce qu’elle occupait une position où l’on se proclame au-dessus de la nature humaine. Cette supériorité spirituelle n’est vraiment qu’une forme supplémentaire de dénégation. Pour un artiste, la vertu peut être mortelle. Ce désir de respectabilité et de maturité peut s’avérer déshumanisant, voire fatal.
Nous nous efforçons d’être bons, agréables, serviables, de ne pas être égoïstes. Nous voulons être généreux, rendre service au monde entier. Mais ce que nous voulons vraiment, c’est qu’on nous laisse seuls. Quand nous ne pouvons pas obtenir des autres qu’ils nous laissent seuls, nous finissons par nous abandonner. Pour les autres, c’est peut-être comme si nous étions là. Peut-être agissons-nous comme si nous étions là ? Mais notre vrai Moi s’est caché.
Etes-vous autodestructeur :
Beaucoup de gens pris au piège de la vertu ne semblent pas être autodestructeurs au premier regard. En voulant être de bons maris, de bons pères, de bonnes mères, de bonnes épouses, de bons professeurs… ils se sont construit un faux Moi agréable aux autres et qui reçoit l’approbation générale. Ce faux Moi est toujours patient, toujours désireux de différer ses besoins pour pouvoir répondre aux besoins ou aux demandes des autres (« Quel grand homme ! Ce Fred a perdu ses billets de concert pour m’aider à déménager un vendredi soir… »).
« Personne ne s’oppose à ce qu’une femme soit un bon écrivain, un bon sculpteur ou un bon généticien si, en même temps, elle s’arrange pour être une bonne épouse, une bonne mère, pour être jolie, avoir le caractère facile, être soignée et dépourvue d’agressivité. »
Leslie M MCINTYRE
Le questionnaire du piège de la vertu :
- Le plus grand manque dans ma vie, c’est…
- La plus grande joie dans ma vie, c’est…
- Ce qui me prend le plus de temps, c’est…
- Comme je joue davantage, je travaille…
- Je me sens coupable d’être…
- Je me préoccupe pour…
- Si mes rêves se réalisent, ma famille va…
- Je me sabote, ainsi les gens vont…
- Si je me laisse aller aux sentiments, je suis en colère contre…
- Une des raisons pour laquelle je me sens triste parfois, c’est que…
Est-ce que votre vie sert à vous ou aux autres ? Êtes-vous autodestructeur ?
Exercice : joies interdites
Un des tours favoris des créateurs bloqués, c’est de se dire non. Il est étonnant de prendre conscience de tous les petits gestes, avares et mesquins, que nous nous adressons. Quand je le mentionne à mes étudiants, ils protestent souvent en disant que ce n’est pas vrai – qu’ils sont bons envers eux-mêmes. Ensuite, je leur demande de faire cet exercice :
Citez dix choses que vous aimez et que vous aimeriez faire, mais que vous ne vous autorisez pas à faire. Votre liste peut ressembler à la suivante :
- Aller danser.
- Avoir sur soi un carnet à croquis.
- Faire du roller-skate.
- Acheter de nouvelles bottes de cow-boy.
- Se faire faire des mèches blondes.
- Partir en vacances.
- Prendre des cours de vol.
- Déménager dans un appartement plus grand.
- Monter une pièce de théâtre.
- Suivre des cours de dessin avec modèle vivant.
Très souvent, le seul acte d’écrire votre liste de joies interdites fait tomber les barrières qui vous empêchent de le faire. Accrochez votre liste dans un endroit bien en vue.
Exercice : la liste des vœux
La meilleure façon d’échapper à notre Censeur, c’est d’utiliser la technique de l’écriture rapide. Parce que les souhaits ne sont que des souhaits, ils peuvent être frivoles (et, le plus souvent, ils devraient être pris très au sérieux). Aussi vite que vous le pouvez, terminez les phrases suivantes :
- Je souhaite…
- Je souhaite…
- Je souhaite…
- Je souhaite…
- Je souhaite…
- Je souhaite…
- Je souhaite…
- Je souhaite…
- Je souhaite…
- Je souhaite…
- Je souhaite…
- Je souhaite…
- Je souhaite…
- Je souhaite…
- Je souhaite…
- Je souhaite…
- Je souhaite…
- Je souhaite…
- Je souhaite…
- Ce que je souhaite le plus, c’est…
« Vous allez faire des choses stupides, mais faites-les avec enthousiasme. »
COLETTE
Exercices de la semaine :
Les exercices suivants explorent et étendent votre relation à la source :
- La raison pour laquelle je ne peux pas vraiment croire en un Dieu qui porte secours, c’est… [répertoriez cinq doléances] (Dieu peut les accepter).
- Commencez un dossier d’images : « Si j’avais, soit la foi, soit l’argent, j’essaierais… [nommez cinq désirs]. » Pour la semaine prochaine, soyez attentif aux images évoquant ces désirs. Quand vous en découvrez, accrochez-les, achetez-les, photographiez-les, dessinez-les, rassemblez-les d’une manière ou d’une autre. Avec ces images, commencez un dossier de rêves qui vous parlent. Ajoutez-en régulièrement jusqu’à la fin du cours.
- Une fois de plus, nommez cinq vies imaginaires. Ont-elles changé ? Est-ce que vous réalisez davantage de parties d’elles- mêmes ? Il se peut que vous désiriez ajouter des images à ces vies dans votre classeur d’images.
- « Si j’avais vingt ans et si j’avais de l’argent, je ferais… [faites la liste de cinq aventures]. » À nouveau, rajoutez des images à votre classeur d’images visuelles.
- « Si j’avais soixante-cinq ans et de l’argent… [faites la liste de cinq plaisirs que vous avez remis à plus tard]. » À nouveau, rassemblez ces images. Voici un outil très puissant : « J’habite maintenant dans une maison que j’ai imaginée pendant dix ans. »
- « Les dix façons qui prouvent que je suis mesquin envers moi-même sont… » De même que lorsqu’on rend explicite le positif, cela aide à ce qu’il arrive dans notre vie, de même expliciter le négatif peut nous aider à l’exorciser.
- « Les dix objets que je n’ai pas et que j’aimerais bien avoir sont… » Et, à nouveau, il se peut que vous aimiez rassembler ces images. Afin de faire monter les ventes, les experts en motivation des ventes enseignent souvent à des vendeurs inexpérimentés d’accrocher des images de ce qu’ils aimeraient posséder. Cela marche.
- « Honnêtement, mon blocage créatif favori, c’est… [regarder la télévision, lire beaucoup, rencontrer des amis, travailler, secourir les autres, faire beaucoup de sport…]. » Nommez-le. Que vous sachiez dessiner ou non, je vous prie de faire une bande dessinée qui vous représenterait en train de vous adonner à votre blocage favori.
- « Mon bénéfice à rester bloqué, c’est… » Peut-être voudriez-vous explorer cela dans vos pages du matin ?
- « La personne que je rends responsable de mon blocage, c’est… » À nouveau, utilisez vos pages du matin pour réfléchir sur ce point.
Contrôle de votre semaine :
- Combien de fois par jour cette semaine avez-vous fait vos pages du matin ? Commencez-vous à les aimer – pas du tout ? Comment a été cette expérience pour vous ? Avez-vous déjà découvert le point de vérité de la page et demie ? Beaucoup d’entre nous découvrent que le bénéfice d’écrire survient après une page et demie d’improvisation.
- Avez-vous pris rendez-vous avec votre artiste en vous cette semaine ? Avez-vous entendu des réponses pendant votre temps de loisir ? Qu’avez-vous fait pour votre rendez-vous ? Comment cela s’est-il passé ? Avez-vous déjà pris un rendez-vous avec l’artiste qui sentait vraiment l’aventure ?
- Avez-vous expérimenté une certaine synchronie cette semaine ? Quelle était-elle ? Essayez de lancer une conversation sur la synchronie avec vos amis.
- Y avait-il d’autres problèmes cette semaine que vous considérez significatifs pour votre reconquête ? Décrivez-les.
C’est un extrait du livre « Libérez votre créativité » dans lequel Julia Cameron propose une méthode en 12 semaines pour libérer sa créativité et surmonter ses blocages artistiques. L’originalité de son approche réside dans deux outils principaux :
– Les « pages du matin » : 3 pages d’écriture libre chaque matin pour vider son esprit
– Le « rendez-vous avec l’artiste » : 2h par semaine consacrées à nourrir sa créativité
L’auteure considère la créativité comme une pratique spirituelle, connectée à une source divine. Elle invite le lecteur à se reconnecter à son « artiste intérieur », cet enfant créatif souvent brimé.
Semaine après semaine, elle aborde différents thèmes : retrouver un sentiment de sécurité, d’identité, de puissance, etc. Des exercices variés permettent d’explorer ses blocages, ses peurs, mais aussi ses désirs créatifs enfouis.
Julia Cameron encourage à se libérer du perfectionnisme, de l’autocensure, et à oser prendre des risques créatifs. Elle donne des clés pour gérer les critiques, les périodes de doute, et cultiver la foi en soi.
Son ton bienveillant et enthousiaste donne envie de se lancer ! Que vous soyez artiste confirmé ou simple curieux, ce livre peut vraiment vous aider à réveiller votre créativité et à l’intégrer dans votre quotidien. Alors, prêt à tenter l’aventure ?
Vous trouverez ce livre sur le site Place des Libraires en identifiant une librairie près de chez vous, ou sur le site de la FNAC.
Les extraits que je vous partage sont ceux qui m’ont parlé lors de la lecture du livre.
Aussi, je vous encourage à acheter ce livre car vous y trouverez tous les détails pour Libérez votre créativité.