Semaine 1 : Retrouver le sentiment de sécurité
Au cours de cette semaine, vous allez démarrer la reconquête de votre créativité. Vous pourrez vous sentir à la fois saisi de vertige et rebelle, plein d’espoir et sceptique. Les lectures, les devoirs et les exercices ont pour but de vous permettre de conquérir un sentiment de sécurité, ce qui vous donnera la possibilité d’explorer votre créativité avec moins de crainte.
Les artistes fantômes :
Trop intimidées pour devenir artistes elles-mêmes, ayant trop souvent une trop mauvaise image d’elles-mêmes pour simplement reconnaître qu’elles ont un rêve artistique, ces personnes se transforment en « artistes fantômes ». Eux-mêmes artistes, mais ignorant leur véritable identité, les artistes fantômes finissent par s’assujettir aux artistes reconnus. Incapables de se rendre compte que, eux aussi, ils ont la possibilité d’avoir en eux la créativité qu’ils admirent tant, ils choisissent souvent comme partenaire ou épousent des personnes qui poursuivent activement la carrière artistique qu’ils désiraient ardemment pour eux-mêmes.
Les artistes aiment les autres artistes. Les artistes fantômes gravitent autour de leur tribu légitime et, pourtant, ne peuvent revendiquer leur droit de naissance. Très souvent, c’est l’audace et non le talent, qui fait d’une personne un artiste et d’une autre un artiste fantôme – se cachant dans l’ombre, effrayée d’exposer son rêve à la lumière du jour, de peur qu’il ne se désagrège.
Les artistes fantômes choisissent souvent des carrières fantômes – celles qui sont proches de l’art désiré, parfois parallèles, et non l’art en lui-même. Remarquant leur venin, François Truffaut prétendait que les critiques étaient eux-mêmes des réalisateurs bloqués, comme lui-même l’avait été lorsqu’il était critique de cinéma. Il est possible qu’il ait raison. Les écrivains qui se destinaient à la fiction se lancent souvent dans le journalisme ou la publicité, domaines où ils peuvent exploiter leurs dons sans plonger dans la carrière dont ils avaient rêvé : celle d’écrire des romans. Ceux qui avaient projeté d’être artistes peuvent devenir managers d’artistes et dériver une grande partie de leurs plaisirs secondaires au service de leurs rêves, même si ce n’est qu’au second plan.
Protéger notre enfant artiste intérieur :
Souvenez-vous : votre artiste est un enfant. Trouvez cet enfant et protégez-le. Apprendre à créer, c’est comme apprendre à marcher. L’enfant artiste doit commencer par ramper. Ensuite viendront les pas de bébé, puis les premières chutes… des premières peintures dégoûtantes, des débuts de films qui ressemblent à des films familiaux, des premiers poèmes qui ne sont pas dignes d’une carte de félicitations. De façon typique, l’artiste fantôme qui reconquiert sa créativité se servira de ces premiers efforts comme prétexte pour ne pas aller plus loin.
Juger les premiers efforts artistiques, exposer les premiers travaux à une critique prématurée, les montrer à des amis trop sévères, c’est infliger un mauvais traitement à l’artiste.
Il est nécessaire d’avancer doucement et lentement lorsque nous nous libérons de nos blocages créatifs. À ce stade-là, nous venons de panser nos anciennes blessures ; il ne faut donc pas en créer de nouvelles. Pas de saut en hauteur s’il vous plaît ! Les erreurs sont nécessaires ! Il est normal de trébucher. Ce sont des pas de bébé. Ce que nous devons exiger de nous-mêmes, c’est faire des progrès et non atteindre la perfection.
Pour retrouver sa créativité, il faut avoir la volonté d’accepter d’être un mauvais artiste. Donnez-vous la permission d’être un débutant. En acceptant d’être un mauvais artiste, vous avez une chance de devenir un artiste et, peut-être avec du temps, un très bon artiste.
Quand je traite ce point en cours, je rencontre immédiatement une hostilité défensive : « Mais savez-vous quel âge j’aurai quand je saurai vraiment jouer du piano/jouer/peindre/écrire une pièce de théâtre décente ? »
Oui… vous aurez le même âge que si vous ne le faites pas.
Donc, commencez.
Votre ennemi intérieur : convictions négatives élémentaires
La plupart du temps, nous restons bloqués dans un domaine de notre vie parce que c’est plus sécurisant ainsi. Peut-être ne sommes-nous pas heureux, mais au moins nous savons ce que nous sommes : malheureux. La peur que nous ressentons face à notre créativité réside essentiellement dans la peur de l’inconnu.
Nous avons des idées tout à fait horribles sur ce qui pourrait nous arriver. Donc, au lieu de le dévoiler, nous décidons de rester bloqués. C’est rarement une décision consciente. Il s’agit plus souvent d’une réponse inconsciente à des convictions négatives intériorisées. Au cours de cette semaine, nous allons travailler sur nos convictions négatives pour en prendre conscience et les ébranler.
Voici une liste de convictions négatives communément reconnues :
Je ne peux pas être un artiste créateur, fécond et couronné de succès parce que…
- tout le monde me haïrait.
- je blesserais ma famille et mes amis.
- je deviendrais fou (folle).
- j’abandonnerais mes amis et ma famille.
- je fais des fautes d’orthographe.
- je n’ai pas d’assez bonnes idées.
- je contrarierais ma mère et/ou mon père.
- je devrais être seul(e).
- je vais me sentir trop en colère.
- je vais découvrir que je suis homosexuel(le) (dans le cas d’hétérosexualité).
- je vais devenir hétérosexuel(le) (dans le cas d’homosexualité).
- je vais faire du mauvais travail, ne pas m’en rendre compte et avoir l’air d’un(e) imbécile.
- je n’aurai jamais vraiment d’argent.
- je vais m’autodétruire, boire, me droguer ou m’adonner au sexe à mort.
- je vais avoir le cancer, le sida… ou une crise cardiaque ou la peste.
- mon compagnon (ma compagne) va me quitter.
- je vais mourir.
- je vais me sentir mal parce que je ne mérite pas le succès.
- je n’aurai en moi qu’une seule bonne oeuvre.
- c’est trop tard. Si je ne suis pas encore devenu(e) un artiste pleinement opérant, je ne le deviendrai jamais.
Les convictions négatives ne sont que des convictions et non des faits.
L’allié qui est en vous : armes affirmatives
En tant qu’artistes bloqués, nous restons souvent sur la touche pour critiquer ceux qui sont en train de jouer. Nous dirons peut-être d’un artiste actuellement en vogue : « Il a beaucoup de talent », et nous aurons peut-être tout à fait raison. Trop souvent, c’est l’audace et non le talent qui conduit l’artiste sur le devant de la scène.
Essayez simplement de choisir une affirmation. Par exemple, « Moi… [votre nom], suis un potier [peintre, poète ou tout ce que vous voulez] brillant et fécond. » Écrivez-le sur dix lignes. En le faisant, quelque chose de très intéressant va se produire. Votre Censeur va commencer à se réveiller : « Eh ! attends une minute ! Tu ne peux pas écrire toutes ces paroles positives près de moi… »
Les objections vont commencer à sauter comme des toasts brûlés.
Ce sont vos paroles.
Écoutez les objections. Regardez les vilains assauts de défi : « Brillante et prolifique… mais bien sûr !… Depuis quand ?… Fait des fautes d’orthographe… Tu penses que le blocage pour un écrivain est fécond ?… Tu te moques de toi-même… un idiot… grandiose… De qui te moques-tu ?… Pour qui te prends-tu ?… » et ainsi de suite.
Vous allez être étonné par les propos terribles qui vont jaillir de votre inconscient. Notez-les. Ces exclamations impulsives affaiblissent les convictions négatives de base que vous vous adressez. Elles détiennent la clé de votre liberté dans leurs vilaines petites griffes. Faites une liste de vos propres jaillissements.
C’est le moment de vous consacrer à un petit travail de détective. D’où vous viennent ces exclamations ? De maman ? De papa ? De vos professeurs ? Aidez-vous de votre liste pour passer en revue toutes les origines possibles. Certaines d’entre elles surgiront violemment à votre esprit. Une façon efficace d’en localiser la provenance, c’est de voyager en remontant le temps. Découpez votre vie en tranches de cinq ans, et nommez les influences principales de chaque période.
Affirmations créatives :
- Je suis un canal pour la créativité de Dieu, et mon travail représente le Bien.
- Mes rêves proviennent de Dieu et Dieu a le pouvoir de les accomplir.
- Puisque je crée et j’écoute, je serai dirigé(e).
- La créativité, c’est la volonté que le Créateur a pour moi.
- Ma créativité me guérit, moi et les autres.
- J’ai le droit de nourrir l’artiste que j’ai en moi.
- Grâce à quelques outils très simples, ma créativité va s’épanouir.
- Par l’utilisation de ma créativité, je sers Dieu.
- Ma créativité m’a toujours conduit(e) à la vérité et à l’amour.
- Ma créativité me permet de me montrer clément(e) et indulgent(e) envers moi-même.
- Il y a un projet divin de bonté pour moi.
- Il y a un projet divin de bonté pour mon travail.
- En écoutant le créateur qui est en moi, il me guide.
- En écoutant ma créativité, je suis guidé(e) vers mon créateur.
- J’ai la volonté de créer.
- J’ai la volonté d’apprendre à me laisser créer.
- J’ai la volonté de laisser Dieu créer par moi.
- Je suis prêt(e) à rendre service par ma créativité.
- J’ai la volonté d’expérimenter mon énergie créatrice.
- J’ai la volonté d’utiliser mes talents créateurs.
Exercice de la semaine :
- Chaque jour, programmez votre réveil une demi-heure plus tôt ; levez-vous pour écrire trois pages manuscrites de ce qui vous vient à l’esprit dès le matin. Ne relisez pas ces pages, ne permettez pas non plus à quiconque de les lire. L’idéal serait de les glisser dans une grande enveloppe ou de les cacher quelque part. Bienvenue aux pages du matin. Elles vont vous faire changer. Cette semaine, débrouillez-vous pour travailler chaque jour avec vos affirmations de choix et vos propos impulsifs après avoir terminé vos pages du matin. Transformez tous les propos impulsifs en affirmations positives.
- Prenez vous-même un rendez-vous avec votre artiste en vous. Vous allez le faire chaque semaine pendant toute la durée du cours. Un exemple de rendez-vous d’artiste : prenez un peu d’argent, allez chez le marchand du coin. Achetez des choses bêtes telles que des étoiles dorées autocollantes, des petits dinosaures, quelques cartes postales, des adhésifs colorés, de la colle, des ciseaux d’enfant, des crayons. Vous pourriez vous offrir une étoile dorée sur votre enveloppe, les jours où vous écrivez. Tout simplement pour vous divertir.
- Voyage dans le temps. Citez, parmi les plus anciens, trois ennemis qui portent atteinte à votre amour-propre créatif. Veillez à être aussi précis que possible en faisant cet exercice. Vos monstres historiques sont les piliers de vos convictions négatives essentielles (oui, sœur Anne Rita en septième position compte, et la sale chose qu’elle vous a dite a de l’importance. Notez-la). C’est votre galerie de monstres. D’autres monstres apparaîtront à mesure que vous travaillerez sur votre reconquête. Il est toujours nécessaire de reconnaître les blessures relatives à la création et sur lesquelles nous nous affligeons. Autrement, elles se transforment en une cicatrice créative qui bloque votre croissance.
- Voyage dans le temps. Sélectionnez et écrivez une histoire d’horreur qui s’est passée dans votre galerie de monstres. Elle ne doit pas nécessairement être longue, mais il est important de noter tous les détails qui vous reviennent : la pièce dans laquelle vous vous trouviez, la façon dont on vous regardait, ce que vous avez ressenti, ce que vos parents ont dit ou n’ont pas dit quand vous leur en avez parlé. Il faut inclure aussi tout ce qui vous est resté sur le cœur après cet incident : « Et ensuite, je me souviens qu’elle m’a fait un sourire tout à fait faux et m’a tapoté la tête… » Il peut être tout à fait cathartique de faire un croquis de votre vieux monstre ou d’accrocher une image qui vous évoque l’incident. Abîmez votre monstre en en faisant une caricature ou, au moins, tracez dessus une jolie croix rouge.
- Écrivez une lettre au rédacteur de votre revue habituelle pour votre défense et envoyez-la à vous-même. Il est très amusant de faire parler votre enfant artiste dans cette lettre : « À qui de droit : sœur Anne Rita est une imbécile, a des yeux de cochon et je ne fais pas de fautes d’orthographe ! »
- Voyage dans le temps. Citez, parmi les anciens champions, trois personnes qui soutenaient votre amour-propre créatif. C’est votre musée des bons génies qui vous souhaite une bonne création. Soyez précis. Chaque mot d’encouragement compte. Même si vous avez du mal à croire à certains compliments, inscrivez-les. Peut-être sont-ils vrais. Si vous êtes à court de compliments, retournez à votre découpage du voyage dans le temps pour y rechercher des souvenirs positifs. Quand, où et pourquoi avez-vous été content de vous ? Qui vous a soutenu ? De plus, vous pouvez souhaiter écrire le compliment et l’illustrer. Placez-le près de l’endroit où vous faites vos pages du matin ou sur le tableau de bord de votre voiture. J’ai placé le mien sur mon ordinateur pour me donner du courage quand j’écris.
- Voyage dans le temps. Sélectionnez et écrivez un discours d’encouragement agréable. Écrivez une lettre de remerciements. Adressez-la à vous-même ou au mentor perdu depuis longtemps. 8. Vies imaginaires. Si vous aviez cinq autres vies à mener, que feriez-vous dans chacune d’elles ? Je serais pilote, cow-boy, physicien, mystique, moine… Vous pourriez être plongeur sous-marin, flic, écrivain de livres pour enfants, joueur de football, danseuse du ventre, peintre, artiste du spectacle, professeur d’histoire, guérisseur, entraîneur, scientifique, docteur, coopérant, psychologue, pêcheur, ministre, mécanicien auto, charpentier, sculpteur, avocat, peintre, fou d’informatique, vedette de feuilletons à l’eau de rose, chanteur de country music, batteur de rock… Notez tout ce qui vous vient à l’esprit. Ne pensez pas trop en faisant cet exercice. En imaginant ces vies, il s’agit de vous divertir, d’y prendre plus de plaisir que celui que vous avez pu avoir dans la vie que vous menez. Reprenez votre liste et choisissez-en une. Ensuite, faites-le cette semaine. Par exemple, si vous écrivez « chanteur de country music », pouvez-vous prendre une guitare ? Si vous rêvez d’être cow-boy, que diriez-vous d’une promenade à cheval ?
- En travaillant sur ces affirmations et ces propos impulsifs, des blessures et des monstres reviennent très souvent à la surface. Ajoutez-les à vos listes au fur et à mesure qu’ils émergeront. Travaillez avec chaque propos impulsif de façon personnelle. Transformez chaque point négatif en un point positif affirmatif.
- Emmenez votre artiste faire une promenade, allez-y tous les deux. Une marche d’une vingtaine de minutes, d’un pas alerte, peut modifier la conscience de manière spectaculaire.
Contrôle de votre semaine :
Chaque semaine, vous allez procéder à des contrôles. Si vous gérez votre semaine de création du dimanche au dimanche, faites vos contrôles le samedi. Souvenez-vous bien que cette reconquête vous appartient. Ce que vous pensez est important, et cela deviendra de plus en plus intéressant pour vous au fur et à mesure de vos progrès. Peut-être désirez-vous faire les contrôles dans votre cahier des pages du matin ? Il est mieux de le faire de façon manuscrite ; accordez-vous vingt minutes pour y répondre.
Le but de ces contrôles est de constituer un journal de votre voyage créatif. J’espère que, plus tard, vous allez partager ces outils avec d’autres personnes et, de cette manière, vous allez trouver vos notes inestimables : « Oui, j’étais fou pendant la semaine 4. J’ai beaucoup aimé la semaine 5. »
- Pendant combien de jours cette semaine avez-vous fait vos pages du matin ? Nous espérons que ce sera toujours sept sur sept. Qu’avez-vous pensé de cette expérience ?
- Vous êtes-vous rendu à votre rendez-vous avec l’artiste cette semaine ? Nous espérons que oui. Et pourtant, cela peut être très difficile de se permettre les rendez-vous avec l’artiste. Qu’avez-vous fait ? Qu’avez-vous ressenti ?
- Y a-t-il eu d’autres problèmes cette semaine que vous jugez significatifs de votre reconquête ? Décrivez-les.
C’est un extrait du livre « Libérez votre créativité » dans lequel Julia Cameron propose une méthode en 12 semaines pour libérer sa créativité et surmonter ses blocages artistiques. L’originalité de son approche réside dans deux outils principaux :
– Les « pages du matin » : 3 pages d’écriture libre chaque matin pour vider son esprit
– Le « rendez-vous avec l’artiste » : 2h par semaine consacrées à nourrir sa créativité
L’auteure considère la créativité comme une pratique spirituelle, connectée à une source divine. Elle invite le lecteur à se reconnecter à son « artiste intérieur », cet enfant créatif souvent brimé.
Semaine après semaine, elle aborde différents thèmes : retrouver un sentiment de sécurité, d’identité, de puissance, etc. Des exercices variés permettent d’explorer ses blocages, ses peurs, mais aussi ses désirs créatifs enfouis.
Julia Cameron encourage à se libérer du perfectionnisme, de l’autocensure, et à oser prendre des risques créatifs. Elle donne des clés pour gérer les critiques, les périodes de doute, et cultiver la foi en soi.
Son ton bienveillant et enthousiaste donne envie de se lancer ! Que vous soyez artiste confirmé ou simple curieux, ce livre peut vraiment vous aider à réveiller votre créativité et à l’intégrer dans votre quotidien. Alors, prêt à tenter l’aventure ?
Vous trouverez ce livre sur le site Place des Libraires en identifiant une librairie près de chez vous, ou sur le site de la FNAC.
Les extraits que je vous partage sont ceux qui m’ont parlé lors de la lecture du livre.
Aussi, je vous encourage à acheter ce livre car vous y trouverez tous les détails pour Libérez votre créativité.