Semaine 12 : Retrouver le sens de la foi
Pendant cette dernière semaine, nous allons prendre conscience du coeur spirituel inhérent à la créativité. Nous verrons que la créativité a besoin de réceptivité et d’une profonde confiance, capacités que nous avons développées par notre travail tout au long de cette méthode. Nous nous fixerons des objectifs de création et porterons une attention particulière au sabotage de dernière minute. Nous renouvellerons notre engagement, qui consiste à utiliser ces outils.
Avoir confiance :
La créativité exige la foi. La foi exige que nous nous dessaisissions du contrôle. C’est effrayant et pourtant nous y résistons. Notre résistance face à notre créativité est une forme d’autodestruction. Nous nous barrons la route. Pourquoi ? Pour conserver l’illusion de contrôle. La dépression, la colère et l’angoisse sont des résistances créant un malaise qui peut devenir une maladie. Cela se manifeste par de l’apathie, de la confusion, des « Je ne sais pas… ». La vérité, c’est que nous savons et que nous savons que nous savons.
Chacun de nous a un rêve intérieur que nous pouvons déployer si seulement nous avons le courage d’admettre ce qu’est notre rêve. Ensuite, il faut croire que nous l’avons admis et, très souvent, il est difficile à admettre. Une affirmation claire peut souvent ouvrir la voie, telle la suivante qui est excellente : « Je connais les choses que je connais. » Une autre pourrait être : « J’ai confiance en mon guide intérieur. » L’une ou l’autre finira par nous amener sur notre propre voie – à laquelle, souvent, nous résisterons alors rapidement !
Cette résistance est vraiment très compréhensible. Nous n’avons pas l’habitude de penser que la volonté de Dieu sera en accord avec la nôtre et nos rêves intérieurs. À la place, nous avons acheté le message véhiculé par notre culture : ce monde est une vallée de larmes où nous sommes censés faire notre devoir et ensuite mourir. La vérité, c’est que nous sommes censés être généreux et vivre. L’univers soutiendra toujours des actions positives. Notre rêve le plus authentique correspond toujours à la volonté que Dieu a pour nous.
Il y a un chemin pour chacun d’entre nous. Quand nous sommes sur le droit chemin, nous avons le pied sûr. Nous savons quelle prochaine bonne action engager – même si ce n’est pas nécessairement ce qui se trouve au prochain tournant. En croyant, nous apprenons à croire.
Le mystère au cœur de la créativité :
Nous parlons souvent des idées que nous avons comme des enfants de notre cerveau. Ce que nous ne réalisons pas, c’est que les enfants de notre cerveau – comme tous les bébés – ne doivent pas être tirés prématurément des entrailles créatives. Les idées, comme les stalactites et les stalagmites, se forment dans la grotte sombre de la conscience. Elles se forment goutte à goutte et non pas par de grands blocs de construction. Nous devons apprendre à attendre que l’idée éclose. Ou, pour prendre une image de jardinage, nous devons apprendre à ne pas tirer sur les racines pour voir si nos idées grandissent.
Ruminer sur la page, c’est une forme d’art sans art. C’est perdre son temps. C’est du griffonnage. C’est la façon dont les idées prennent lentement forme jusqu’à ce qu’elles soient prêtes à nous aider à voir la lumière. Bien trop souvent, nous essayons de pousser, de tirer, d’en faire le contour et de contrôler nos idées au lieu de les laisser croître de façon organique. Le processus créatif est un processus de reddition, et non de contrôle.
Le mystère est au coeur de la créativité. C’est la surprise. Bien trop souvent, quand nous disons vouloir être créatifs, nous signifions que nous voulons être capables d’être productifs. Maintenant, être créatif, c’est être productif – mais en coopérant avec le processus créateur, non en le forçant.
En tant que canal créatif, nous avons besoin de faire confiance à l’obscurité. Nous avons besoin d’apprendre à ruminer gentiment au lieu de produire comme un petit moteur sur un sentier tout droit. Cette rumination sur la page peut être très menaçante : « Je n’aurai jamais de vraies idées de cette façon ! » nous tracassons-nous.
Faire éclore une idée, cela ressemble beaucoup à faire cuire du pain. Une idée a besoin de lever. Si, au début, vous creusez trop ou si vous vérifiez constamment, elle ne lèvera jamais. Une miche de pain ou un gâteau en train de cuire doit rester un certain temps dans l’obscurité et la sécurité du four. Ouvrez ce four trop tôt et le pain retombe – ou le gâteau aura un trou au milieu parce que toute la vapeur s’en est échappée. La créativité exige une réticence respectueuse.
Il en est de même pour les idées : il faut les laisser un certain temps dans le noir et le mystère. Laissez-les se former au coeur de votre conscience. Laissez-les frapper la page sous forme de gouttelettes. En croyant en ce goutte-à-goutte à l’aveuglette, nous serons un jour étonnés par le flash : « Oh ! ça y est ! »
« La plus belle chose dont nous pouvons faire l’expérience est le mystérieux. »
Albert EINSTEIN
L’imagination à l’œuvre :
Quand nous pensons à la créativité, il est bien trop facile de penser art avec un A majuscule. Pour nos buts, le A majuscule est une lettre écarlate, nous marquant au fer rouge comme si nous étions voués à l’échec. Pour nourrir notre créativité, nous avons besoin d’un sentiment de festivité, d’humour même : « L’art, c’est quelqu’un à qui ma soeur avait l’habitude de donner des rendez-vous ! »
Nous appartenons à une société ambitieuse, et il est souvent difficile de cultiver des formes de créativité qui ne nous soient pas utiles directement et qui ne servent pas nos objectifs de carrière. La reconquête nous pousse à réexaminer les définitions de la créativité et à les étendre pour y inclure ce que nous appelions par le passé des hobbies. L’expérience d’une vie créative affirme en effet que les hobbies sont essentiels à la joie de vivre.
Donc, ils ont aussi un bénéfice caché, celui d’être utiles à notre créativité. Avoir de nombreux hobbies, c’est posséder une forme de cerveau artiste qui conduit à d’énormes percées créatives. Quand certains de mes étudiants scénaristes sont bloqués au milieu de l’acte II, je leur demande d’aller raccommoder. Généralement, ils refusent obstinément et s’offensent d’une tâche aussi ordinaire, mais coudre est une manière agréable de raccommoder les intrigues. Le jardinage est un autre hobby que je prescris souvent aux étudiants en créativité. Quand quelqu’un est paniqué au beau milieu du pont qui le conduit à une nouvelle vie, rempoter des plantes dans de plus grands pots enracine presque littéralement cette personne, au sens littéral du terme, et lui donne un sens de l’expansion.
On reçoit des bénéfices spirituels de la pratique d’un hobby. Faire quelque chose machinalement produit un relâchement qui conduit à l’humilité. En servant notre hobby, nous sommes libérés des exigences de notre ego et cela nous permet de nous fondre dans une source plus grande. Ce contact conscient nous permet fréquemment de résoudre des énigmes créatives et des vexations personnelles frustrantes.
Le paradoxe de la reconquête créative, c’est de prendre au sérieux le fait de se considérer avec légèreté. Il faut travailler pour apprendre à jouer. La créativité doit se défaire des paramètres étroits de l’art avec un grand A et se reconnaître comme ayant un jeu beaucoup plus vaste (ce mot à nouveau).
En travaillant avec nos pages du matin et nos rendez-vous avec l’artiste, beaucoup d’échantillons oubliés de notre propre créativité peuvent nous venir à l’esprit :
- J’avais tout oublié à propos de ces peintures que j’avais réalisées au lycée. J’adorais peindre ces appartements en technologie de drame !
- Je me suis souvenu soudainement que j’ai joué Antigone – qui pourrait l’oublier ? Je ne sais pas si je jouais bien, mais je me souviens que j’ai beaucoup aimé.
- J’ai tout oublié à propos des sketches que j’avais écrits lorsque j’avais dix ans. Je les avais tous montés sur le Boléro de Ravel quel que soit leur thème. J’ai fait pâmer mes frères et soeurs dans la salle à manger.
- J’avais l’habitude de faire des claquettes. Je sais que vous ne pouvez pas le croire maintenant, mais c’était quelque chose !
Agités dans notre vie, nous aspirons à plus, nous désirons, nous nous irritons. Nous chantons dans la voiture, nous raccrochons le téléphone, nous faisons des listes, nous nettoyons les armoires, nous rangeons les étagères. Nous voulons faire quelque chose, mais nous pensons que ce doit être la bonne chose, c’est-à-dire quelque chose d’important.
Nous sommes ce qui est important, et ce que nous faisons peut-être quelque chose de festif, même si c’est minime : les plantes mortes s’en vont ; des chaussettes dépareillées mordent la poussière. Nous sommes piqués par la perte, mordus par l’espoir. En travaillant sur nos pages du matin, une vie nouvelle – et tapageuse ? – prend forme. Qui a acheté cette azalée ? Pourquoi ce goût soudain pour le rose ? Est-ce que vous vous dirigez vers l’image que vous avez accrochée ?
Vos chaussures paraissent usées. Jetez-les. Il y a une vente d’objets usagés chez vous ; vous achetez une première édition, faites des folies pour de nouveaux draps. Un ami se préoccupe une fois de plus de ce qui vous est arrivé et vous prenez vos premières vacances depuis des années. La pendule marche et vous entendez son tic-tac. Vous vous arrêtez dans une boutique de musée, vous vous inscrivez à des cours de plongée sous-marine et vous vous engagez le samedi matin dans le grand bain.
Soit vous êtes en train de perdre votre esprit, soit vous gagnez votre âme. La vie est censée être un rendez-vous avec l’artiste. C’est la raison pour laquelle nous avons été créés.
Vitesse de fuite :
« Personne ne découvre de nouvelles terres sans consentir à perdre de vue le rivage pendant très longtemps. »
André GIDE
Une petite flatterie peut souvent nous empêcher de prendre la fuite. Un peu d’argent aussi. Plus sinistre que l’un ou l’autre cas est l’impact que peut avoir un doute bien placé, en particulier un qui signifiait : « Pour ton propre bien, juste pour m’assurer que tu y as pensé… », ce doute prononcé par l’un de vos plus proches et plus chers.
En tant que créateurs en reconquête, nombreux sont ceux qui trouvent que chaque fois que notre carrière s’échauffe, nous recherchons notre plus cher rabat-joie. Nous déversons notre enthousiasme sur nos amis les plus sceptiques – en fait, nous les appelons. Si nous ne les appelons pas, ils nous appellent. Voilà le Test.
Notre artiste est un enfant intérieur. Un jeune, quand il est effrayé, appelle maman. Malheureusement, beaucoup d’entre nous ont des mamans rabat-joie et toute une armée de mamans de remplacement qui sont tout aussi rabat-joie – ces amies qui ont nos seconde, troisième, quatrième pensée pour nous. L’astuce, c’est de ne pas leur permettre d’être ainsi. Comment ? Cousez-leur la bouche. Boutonnez jusqu’en haut. Mettez un couvercle dessus. Ne gaspillez pas l’or. Souvenez-vous toujours : la première règle magique, c’est l’indépendance. Vous devez garder pour vous vos intentions et la renforcer. Seulement à ce stade-là, vous serez capable de manifester ce que vous désirez.
Pour pouvoir prendre la fuite, nous devons apprendre à suivre nos propres conseils, en nous mouvant en silence parmi les sceptiques, à ne faire part de nos plans qu’à nos alliés, et à savoir qui ils sont.
Faites une liste des amis qui vous soutiendront. Faites une autre liste : celle des amis qui ne le feront pas. Appelez les rabat-joie pour ce qu’ils sont : des rabat-joie. Entourez-vous d’autre chose. De personnes optimistes. De chaudes serviettes duveteuses. N’acceptez ni ne tolérez quiconque qui vous jette de l’eau froide. Oubliez les bonnes intentions. Oubliez que ceux qui les ont ne sont pas sincères. Souvenez-vous de prendre en compte ce qui est bon chez vous. Pour fuir rapidement, il faut savoir combattre vos intentions avec inflexibilité et défendre votre détermination.
« Ils essaieront de vous avoir. N’oubliez pas ceci, avertit Michele : placez vos objectifs et fixez vos frontières. »
J’ajouterais : fixez vos objectifs et ne permettez pas à l’ogre qui surgit à l’horizon de dévier votre vol.
Exercices de la semaine :
- Notez toute résistance, colère et peur que vous éprouvez quand vous voulez aller de l’avant. Nous en avons tous.
- Jetez un oeil aux activités que vous avez tendance à remettre à plus tard. Quels bénéfices pensez-vous en retirer ? Localisez les peurs cachées. Faites-en la liste.
- Jetez un coup d’oeil furtif à la « semaine 1 » : « Convictions négatives élémentaires. » Riez. Oui, les méchantes créatures sont toujours là. Notez votre progrès. Lisez vous-même les affirmations créatives :
- Je suis un canal pour la créativité de Dieu, et mon travail représente le Bien.
- Mes rêves proviennent de Dieu et Dieu a le pouvoir de les accomplir.
- Puisque je crée et j’écoute, je serai dirigé(e).
- La créativité, c’est la volonté que le Créateur a pour moi.
- Ma créativité me guérit, moi et les autres.
- J’ai le droit de nourrir l’artiste que j’ai en moi.
- Grâce à quelques outils très simples, ma créativité va s’épanouir.
- Par l’utilisation de ma créativité, je sers Dieu.
- Ma créativité m’a toujours conduit(e) à la vérité et à l’amour.
- Ma créativité me permet de me montrer clément(e) et indulgent(e) envers moi-même.
- Il y a un projet divin de bonté pour moi.
- Il y a un projet divin de bonté pour mon travail.
- En écoutant le créateur qui est en moi, il me guide.
- En écoutant ma créativité, je suis guidé(e) vers mon créateur.
- J’ai la volonté de créer.
- J’ai la volonté d’apprendre à me laisser créer.
- J’ai la volonté de laisser Dieu créer par moi.
- Je suis prêt(e) à rendre service par ma créativité.
- J’ai la volonté d’expérimenter mon énergie créatrice.
- J’ai la volonté d’utiliser mes talents créateurs.
Écrivez quelques affirmations sur votre persévérance à créer en terminant le cours.
- Faites du raccommodage.
- Rempotez des plantes qui s’étiolent et qui sont mal en point.
- Sélectionnez un pot « Dieu ». Un quoi ? Un pot, une boîte, un vase, un conteneur… quelque chose dans lequel mettre vos peurs, vos ressentiments, vos espoirs, vos rêves, vos préoccupations aussi.
- Utilisez votre pot « Dieu ». Commencez par votre liste de peurs à partir de l’exercice no 1 cité ci-dessus. Quand vous êtes préoccupé, souvenez-vous que c’est dans le pot : « Dieu l’a. » Ensuite, passez à l’action suivante.
- Maintenant, vérifiez comment, honnêtement, vous aimeriez le mieux créer ? En ayant l’esprit ouvert, quels sentiers excentriques oseriez-vous essayer ? À l’écoute de vos désirs, quelles apparences voudriez-vous abandonner pour poursuivre votre rêve ?
- Faites la liste de cinq personnes auxquelles vous pouvez parler de vos rêves et avec qui vous sentez un soutien dans vos rêves et ensuite dans vos projets.
- Relisez ce livre. Partagez-le avec un ami. Souvenez-vous que le miracle, c’est un artiste qui partage avec un autre. Croyez en Dieu. Croyez-en vous-même.
Contrôle de votre semaine :
- Combien de fois cette semaine avez-vous fait vos pages du matin ? Les avez-vous acceptées comme une pratique spirituelle permanente ? Qu’avez-vous éprouvé ?
- Avez-vous pris votre rendez-vous avec l’artiste cette semaine ? Vous y autorisez-vous de façon permanente ? Qu’avez-vous fait ? Qu’avez-vous ressenti ?
- Avez-vous ressenti une synchronie cette semaine ? Quelle était-elle ?
- Y avait-il d’autres problèmes cette semaine que vous imaginiez significatifs pour votre reconquête ? Décrivez-les.
C’est un extrait du livre « Libérez votre créativité » dans lequel Julia Cameron propose une méthode en 12 semaines pour libérer sa créativité et surmonter ses blocages artistiques. L’originalité de son approche réside dans deux outils principaux :
– Les « pages du matin » : 3 pages d’écriture libre chaque matin pour vider son esprit
– Le « rendez-vous avec l’artiste » : 2h par semaine consacrées à nourrir sa créativité
L’auteure considère la créativité comme une pratique spirituelle, connectée à une source divine. Elle invite le lecteur à se reconnecter à son « artiste intérieur », cet enfant créatif souvent brimé.
Semaine après semaine, elle aborde différents thèmes : retrouver un sentiment de sécurité, d’identité, de puissance, etc. Des exercices variés permettent d’explorer ses blocages, ses peurs, mais aussi ses désirs créatifs enfouis.
Julia Cameron encourage à se libérer du perfectionnisme, de l’autocensure, et à oser prendre des risques créatifs. Elle donne des clés pour gérer les critiques, les périodes de doute, et cultiver la foi en soi.
Son ton bienveillant et enthousiaste donne envie de se lancer ! Que vous soyez artiste confirmé ou simple curieux, ce livre peut vraiment vous aider à réveiller votre créativité et à l’intégrer dans votre quotidien. Alors, prêt à tenter l’aventure ?
Vous trouverez ce livre sur le site Place des Libraires en identifiant une librairie près de chez vous, ou sur le site de la FNAC.
Les extraits que je vous partage sont ceux qui m’ont parlé lors de la lecture du livre.
Aussi, je vous encourage à acheter ce livre car vous y trouverez tous les détails pour Libérez votre créativité.