Que vont-ils penser ?
Divers obstacles peuvent mettre en péril votre quête de l’Élément. On a déjà évoqué plus haut certains d’entre eux. Parfois, le problème vient de vous-même, par manque de confiance ou par peur de l’échec. Parfois, le véritable frein vient de vos proches, de leurs attentes et de l’image que vous en avez. Parfois, la difficulté provient non pas de personnes précises, mais de la culture qui vous entoure.
Selon moi, ces obstacles sont de trois ordres : personnel, social et culturel.
Une question de personne
Nous rencontrerons des personnes qui ont surmonté des déficiences physiques, et qui vous surprendront sans doute. Leurs problèmes ne sont pas uniquement physiques, même si l’infirmité est déjà abominable en elle-même. À cela s’ajoutent leur façon de considérer leur handicap et le regard des autres. Afin de surmonter ces difficultés physiques et psychologiques, les handicapés de toutes sortes doivent mobiliser d’énormes réserves de confiance en eux et de détermination pour réaliser des choses que les autres font sans la moindre hésitation.
Que vous soyez handicapé ou non, votre attitude revêt une importance primordiale pour trouver votre Élément. Avec la ferme volonté d’être vous-mêmes, vous possédez une force irrésistible. Sans elle, même une personne en parfaite forme physique se retrouve en position de faiblesse. D’après mon expérience, la plupart des gens doivent faire face aux pressions internes du doute et de la peur autant qu’à celles venant de l’extérieur.
L’ampleur de ces appréhensions se reflète clairement dans le marché des séminaires et livres de développement personnel, qui est des plus florissant. À mon sens, l’illustration la plus flagrante est le livre bien connu de Susan Jeffers intitulé Tremblez mais osez ! Traduit en trente-cinq langues, il s’est vendu à plusieurs millions d’exemplaires. Avec passion et éloquence, l’auteur y décrit les craintes dévorantes qui empêchent tant de personnes de vivre pleinement et de trouver leur place dans le monde : peur de déplaire, de ne pas être à la hauteur, peur de l’échec, de la désapprobation, de la pauvreté et de l’inconnu.
La peur est sans doute l’obstacle qui s’oppose le plus fréquemment à la recherche de votre Élément. Demandez-vous combien de fois elle a influé sur votre vie en vous empêchant de faire des choses que vous aviez une terrible envie d’essayer. Le Pr Jeffers propose un ensemble de méthodes et d’exercices simples pour passer de la crainte à l’épanouissement, dont la plus efficace est résumée dans le titre du livre.
Pression sociale : c’est pour ton bien
La peur d’être désapprouvé et de ne pas se montrer à la hauteur est souvent indissociable des relations que vous avez avec vos proches. Vos parents, vos frères et sœurs, votre conjoint et vos enfants si vous en avez, ont sans doute des idées bien arrêtées sur ce que vous devez et ne devez pas faire de votre vie. Ils peuvent avoir raison, bien sûr. Ils peuvent avoir un rôle positif en encourageant vos véritables talents. Cependant, ils peuvent aussi faire beaucoup de mal.
Votre entourage peut avoir de multiples raisons pour essayer de vous rogner les ailes. Le fait que vous empruntiez une nouvelle voie risque de ne pas cadrer avec leurs intérêts, ou de leur compliquer la vie. Quelles que soient ses motivations, la personne qui vous empêche de faire la chose que vous aimez – ou même de la rechercher – peut être une grande source de frustration.
Quand vos proches vous dissuadent d’emprunter telle ou telle voie, ils croient généralement le faire pour votre bien.
Jouer la sécurité et opter pour la solution de facilité peuvent sembler l’unique solution, notamment si vous éprouvez vous-mêmes des doutes et des craintes quant aux autres possibilités. Pour certains, il peut sembler plus facile de ne pas faire de vagues et d’avoir l’assentiment des parents, frères, sœurs et époux. Mais pas pour tout le monde.
Pensées de groupe
Que ce soit de manière positive ou négative, notre famille exerce une forte influence sur nous. Toutefois nos amis, surtout quand nous sommes jeunes, nous influencent encore davantage. Nous ne choisissons pas notre famille, mais nous choisissons nos amis. Et nous les choisissons souvent de manière à étendre notre sentiment d’identité au-delà de la famille. Par conséquent, l’incitation à se conformer aux valeurs et aux attentes des amis et autres groupes sociaux peut s’avérer très forte.
Étant donné que la transgression des règles est le meilleur moyen pour se faire exclure du groupe, nous sommes prêts à renier nos passions les plus profondes pour rester en relation avec nos pairs. À l’école, nous dissimulons notre intérêt pour la physique car notre cercle d’amis trouve que cette matière n’est « pas cool ». Nous passons des après-midis entiers à jouer au basket alors que nous préférerions largement apprendre à préparer les cinq sauces mères d’Escoffier. Nous ne mentionnons jamais notre fascination pour le hip-hop, car les gens avec qui nous voyageons associent cette activité à la « racaille ». Pour trouver notre Élément, il se peut que nous ayons besoin de sortir de notre cercle habituel.
Laisser la pensée de groupe influer sur nos choix d’avenir peut avoir des conséquences tout aussi désagréables – et bien plus graves. En nous rangeant à l’opinion générale selon laquelle la physique n’est pas cool, que le basket vaut mieux que la grande cuisine ou que le hip-hop est indigne de nous, nous ne rendons service ni à nous-mêmes, ni au groupe.
Les principaux obstacles à la découverte de notre Élément surgissent souvent à l’école. Parmi ceux-ci, la hiérarchisation des matières : de nombreux élèves ne trouvent jamais leurs véritables talents et centres d’intérêt. En outre, la société se divise en différentes sous-cultures. Pour certaines, la règle veut qu’il ne soit tout simplement pas cool d’étudier. Si vous faites des sciences, vous êtes une tronche. Si vous faites de l’art ou de la danse, vous êtes un bouffon. Pour d’autres groupes, ces disciplines sont essentielles.
La force du groupe est de valider les intérêts partagés par ses membres. Mais la pensée collective risque d’émousser le jugement individuel. Le groupe pense à l’unisson et agit ensemble.
L’union fait la force
Nous nous rassemblons pour atteindre les mêmes objectifs primordiaux. Avec un avantage : le groupe procure un extraordinaire soutien. Et un inconvénient : il encourage l’uniformisation de la pensée et des comportements. Trouver son Élément consiste à se découvrir soi-même, et vous ne pouvez le faire si vous devez vous conformer aux autres. Vous ne pouvez être vous-même au milieu d’un essaim.
Pression culturelle : string ou feuille de vigne ?
En plus des pressions sociales spécifiques que familles et amis peuvent exercer sur nous, il en est d’autres qui font implicitement partie de notre culture en général. Par culture, je veux dire les valeurs et les types de comportements qui caractérisent différents groupes sociaux. La culture est un ensemble de comportements qui sont autorisés ou non dans une communauté donnée. Faute de connaître les codes d’une culture, vous risquez de faire sensation.
La culture dans laquelle nous baignons n’affecte pas uniquement nos valeurs et notre conception des choses. Là encore, la langue fournit un excellent exemple. Quand nous apprenons à parler, notre bouche et notre appareil phonatoire s’adaptent afin d’émettre les sons de notre langue maternelle. Si nous grandissons avec seulement une ou deux langues, par la suite nous serons physiquement en peine de former les sons que nécessitent d’autres langues – le « v » de l’espagnol, le « r » du russe ou les tons de certaines langues asiatiques. Pour apprendre une autre langue, sans doute devrons-nous exercer de nouveau notre corps à prononcer et à entendre les nouveaux sons. Toutefois la culture peut avoir des effets plus profonds encore, jusque dans la structure du cerveau.
Nager à contre-courant
Toute culture, ou sous-culture, implique un ensemble de contraintes qui pourrait empêcher une personne d’atteindre son Élément si sa passion entrait en conflit avec son milieu. Certains individus nés au sein d’une culture finissent par en adopter une autre, dont la sensibilité et le mode de vie leur conviennent mieux, tels des travestis culturels. Ainsi, un Français peut devenir anglophile, ou un Américain francophile. À l’instar de ceux qui changent de religion, ils s’avèrent parfois plus zélés vis-à-vis de leur culture d’adoption que ceux qui sont nés avec.
La culture urbaine n’est pas forcément l’idéal pour celui qui veut tenir une boutique où il connaîtra tous ses clients par leur nom. La culture de l’Amérique profonde ne favorise pas toujours celui qui souhaite devenir un humoriste politique décapant. Voilà pourquoi Bob Dylan a dû partir de Hibbing, et pourquoi Arianna Stassinopoulos a voulu quitter la Grèce. Trouver son Élément nécessite parfois de rompre avec sa culture natale afin de parvenir à son but.
À travers l’histoire de l’humanité, les identités culturelles se sont également formées par le biais d’un contact direct avec les individus les plus proches, qui se trouvaient dans le village même ou les bourgs voisins. Jadis, les grands mouvements de population se limitaient aux colonisations, aux conquêtes militaires et aux échanges commerciaux, principaux biais par lesquels les notions culturelles se diffusaient et les langues et modes de vie s’imposaient à d’autres communautés.
Tout cela a changé de manière irréversible au cours des deux derniers siècles, avec l’essor des communications. Dorénavant, les comportements se propagent à grande échelle par l’intermédiaire de la Toile. Avec le jeu en ligne Second Life, des millions d’internautes aux quatre coins du monde influent sur leurs modes de pensée respectifs et revêtent de nouvelles identités virtuelles.
Telles des poupées russes, la plupart d’entre nous possèdent aujourd’hui de multiples couches d’identité culturelle. Ainsi, j’ai souri en lisant récemment qu’à l’heure actuelle, être britannique signifie « rentrer à la maison dans une voiture allemande, s’arrêter en route pour acheter de la bière belge et un kebab turc ou un plat indien, puis passer la soirée sur un canapé suédois à regarder des séries américaines sur une télé japonaise ». Et quel est le comportement le plus typique des Britanniques ? « Se méfier de tout ce qui est étranger. »
La complexité et la fluctuation des cultures contemporaines permettent plus facilement de changer d’environnement et d’échapper aux pressions de la pensée collective et des stéréotypes. Mais elles peuvent également susciter un sentiment de confusion et d’insécurité.
A la recherche de votre Élément, vous devrez probablement faire face à un ou plusieurs de ces trois types de pression – personnelle, sociale et culturelle.
Pour atteindre votre Élément en dépit d’extraordinaires obstacles, vous devrez parfois trouver des solutions inventives, comme cela a été le cas de Chuck Close. Parfois, comme Paulo Coelho, vous devrez vous tenir à votre vision en dépit d’une résistance des plus violente. Ou encore, à l’instar de Zaha Hadid, vous devrez quitter votre pays et votre famille pour trouver un environnement plus propice à votre évolution.
En définitive, la question sera toujours de savoir : « Quel prix êtes-vous prêt à payer ? » L’Élément présente des avantages considérables mais, pour en bénéficier, il se peut que vous ayez à repousser une forte opposition.
Dans L’élément, Ken Robinson nous invite à redécouvrir ce qui fait vibrer notre âme : l’endroit où nos talents naturels et nos passions se rejoignent. C’est ici que la magie opère, où la vie devient fluide, épanouissante, et pleine de sens. Robinson nous montre à travers des récits inspirants de personnalités, mais aussi de personnes anonymes, comment chacun peut trouver son Élément, cette étincelle intérieure qui transforme notre existence.
Imaginez une vie où chaque jour, vous faites ce que vous aimez tout en étant doué·e pour cela. Ce n’est pas un rêve, c’est une réalité possible. Mais pour cela, il faut dépasser les limites que l’éducation traditionnelle et la société nous imposent, ces mêmes barrières qui étouffent la créativité et nous éloignent de notre vraie nature.
Robinson illustre à merveille que trouver son Élément est souvent une aventure imprévisible, remplie de surprises et de défis. Il démontre également que ce voyage est unique pour chacun·e. Parfois, cela demande de trouver sa “tribu”, ces personnes qui partagent les mêmes passions, qui nous soutiennent et nous encouragent à être nous-mêmes.
Avec L’élément, vous êtes invité·e à découvrir une nouvelle perspective, à libérer votre potentiel et à vivre une vie en pleine harmonie avec ce qui vous anime profondément. Ce livre est un guide puissant vers la découverte de soi et une vie pleine de créativité. Alors, êtes-vous prêt·e à explorer votre Élément ?
Vous trouverez ce livre sur le site Place des Libraires en identifiant une librairie près de chez vous, ou sur le site de la FNAC.
Les extraits que je vous partage sont ceux qui m’ont parlé lors de la lecture du livre.
Aussi, je vous encourage à acheter ce livre car vous y trouverez tous les détails sur votre Elément.