Chapitre 16 – Déséquilibre
Chez un animal destiné à vivre et travailler dans des conditions de ressources relativement rares, avoir trop de tout risque de déranger les forces qui influencent son comportement. Pendant 40 000 ans, notre économie a surtout été une économie de subsistance. Posséder nettement plus que le nécessaire était une rareté. Mais, voici environ 10 000 ans, nous avons cessé d’être des chasseurs-cueilleurs pour devenir des agriculteurs et nous avons commencé à nous diriger vers une économie de surplus. Capables de produire plus qu’il ne nous fallait, nous avons pu faire croître nos populations au-delà de 150 personnes. Nous avons eu la possibilité d’échanger nos surplus avec d’autres. Nous avons pu nous permettre de gaspiller davantage que la prudence ne l’autorisait autrefois. Et nous avons été capables d’entretenir des armées de métier, des intellectuels et des classes gouvernantes.
Chaque fois qu’un groupe passe de la subsistance au surplus, les classes dirigeantes, qui disposent du surplus maximum, s’efforcent, plus que les autres, de modeler la société à leur idée. Se pose alors une question : le changement qu’elles influencent grâce à leur surplus est-il bon pour la société ou bon pour elles-mêmes ? Il n’y a rien d’étonnant à ce que les entreprises les plus riches fassent tout leur possible pour convaincre le législateur d’adopter (ou de supprimer) des réglementations en fonction de leurs intérêts. Elles ont plus de ressources à utiliser, à protéger, et à accumuler. Et si elle n’est pas correctement gérée, leur culture risque de perdre son équilibre.
Il en résulte ce que j’appelle une « abondance destructrice ». C’est ce qui se passe quand les visées égoïstes ne sont plus équilibrées par les visées altruistes. Quand les comportements stimulés par la dopamine l’emportent sur les protections sociales apportées par les autres substances chimiques. Quand la défense des résultats devient prioritaire sur la défense de ceux qui produisent les résultats. Il y a abondance destructrice quand les participants, obnubilés par le score, oublient pourquoi ils avaient entrepris de disputer le match.
Les nombreuses organisations qui ont souffert de l’abondance destructrice révèlent clairement des constantes dont nous pouvons tous tirer des leçons. Dans la quasi-totalité de ces organisations, la culture d’entreprise n’était pas convenablement gérée. Il s’y trouvait presque toujours un dirigeant qui ne prenait pas à cœur ses responsabilités de leader. Une fois les forces de l’abondance destructrice vraiment déclenchées, l’intégrité commence à décliner et la coopération laisse place aux manœuvres de couloir, jusqu’à ce que les individus eux-mêmes deviennent un simple produit de base à gérer, comme la note d’électricité.
Une fois le défi remplacé par la tentation, l’abondance destructrice suit presque toujours.
Imagine un monde où la confiance règne, où chaque individu sait qu’il peut compter sur les autres, où la coopération n’est pas un vain mot mais une réalité palpable. C’est ce que ce livre nous invite à découvrir.
Dans un récit captivant, l’auteur nous plonge d’abord dans une nuit de combat en Afghanistan, où un pilote, Johnny Bravo, met sa vie en jeu pour protéger des soldats au sol. Pourquoi agit-il ainsi, sans y être obligé ? Parce qu’il sait qu’ils auraient fait la même chose pour lui. Ce sens du devoir, ancré dans l’empathie et le leadership, est au cœur de toute organisation qui fonctionne véritablement.
Puis, nous voici plongés dans l’univers d’une entreprise où les employés sont traités comme des numéros. Jusqu’au jour où un leader visionnaire, Bob Chapman, décide de tout changer. Plus de pointeuses, plus de barrières entre ouvriers et cadres, plus de méfiance. Résultat ? Une transformation spectaculaire où l’humain prend enfin la place qu’il mérite.
Le message est clair : nous sommes biologiquement programmés pour fonctionner en tribu, protégés par un Cercle de sûreté. Lorsque ce cercle existe, les salariés donnent le meilleur d’eux-mêmes, sans stress destructeur ni rivalité toxique. Les organisations qui l’ont compris prospèrent, tandis que les autres s’épuisent dans la peur et le contrôle.
Nous croyons parfois que la sécurité financière est plus importante que le bonheur au travail. Or, les études prouvent que le stress d’un mauvais emploi est plus nocif que le chômage. Être ignoré par son manager tue la motivation, alors qu’un simple mot d’encouragement peut tout changer.
L’auteur ne prône pas un idéalisme naïf : il s’appuie sur des faits, des chiffres et des exemples concrets. Il nous montre que les entreprises les plus performantes ne sont pas celles qui pressent leurs employés, mais celles qui les protègent. Que les grandes réussites ne viennent pas de la compétition acharnée, mais de la coopération et de la confiance mutuelle.
Dans un style fluide et percutant, ce livre bouleverse nos certitudes et nous pousse à voir le travail autrement. Que tu sois dirigeant, manager ou simple salarié, tu en ressortiras transformé. Prêt à bâtir une culture d’entreprise plus humaine, plus forte, et surtout plus pérenne. Car au final, nous ne travaillons pas pour une entreprise, mais pour les gens qui nous entourent.
Tu trouveras ce livre sur le site Place des Libraires en identifiant une librairie près de chez toi, ou sur le site de la FNAC.